BEHAM SEBALD (1500-1550) & BARTHEL (1502-1540)
Peintres et graveurs allemands, nés à Nuremberg et formés dans l'entourage immédiat, sinon dans l'atelier de Dürer. En janvier 1525, les deux frères sont, avec le peintre Georg Pencz, bannis de la ville (passée à la Réforme luthérienne) en raison de leur attitude religieuse, hostile à Rome mais aussi à Luther. Le procès-verbal de leur audition les qualifie de gottlose Maler (peintres sans Dieu), expression qui sert souvent à les désigner : ils n'étaient cependant pas convaincus d'athéisme au sens moderne du mot, mais devaient professer des opinions radicales influencées par les écrits de Karlstadt ou de Münzer. Ils sont autorisés à revenir en novembre de la même année, mais Barthel quitte définitivement Nuremberg l'année suivante, toujours en raison de ses idées, et s'installe à Munich, où il travaille pour le duc Guillaume IV de Bavière ; il passe ensuite au service du duc Louis X de Bavière-Landshut (1537) ; il meurt en Italie au cours d'un voyage d'études. Son frère aîné Sebald fuit Nuremberg en 1529 pour avoir fait paraître un traité sur les proportions du cheval, qu'on l'accuse (à tort) d'avoir composé d'après un manuscrit dérobé des papiers de Dürer. Il s'installe peu après à Francfort-sur-le-Main et devient bourgeois de la ville en 1540.
Les deux frères sont plus connus pour leur activité de graveurs que comme peintres. Dans ce dernier domaine, Sebald n'a guère laissé qu'une œuvre importante, un dessus de table (Louvre) peint en 1534 pour le cardinal Albrecht von Brandenburg, alors prince-archevêque de Mayence. Après 1526, Barthel a exécuté un certain nombre de portraits (Portrait du comte palatin Ottheinrich, 1535, pinacothèque de Munich) et le Miracle de la Croix (1530, ibid.), tableau qui fait partie de la suite des histoires des dames illustres commandée par le duc Guillaume IV. Leur production graphique est très importante, surtout celle de Sebald (plus de mille bois et environ deux cent cinquante cuivres) ; elle leur a valu, ainsi qu'à Georg Pencz, le surnom de « petits maîtres de Nuremberg », en raison des formats minuscules qu'ils affectionnaient. Leur style se ressent fortement de l'influence des gravures de Dürer, auxquelles ils empruntent des éléments et même des compositions. Ils ont traité de nombreux sujets tirés de la mythologie ou de l'histoire antique, mais une partie de leur production est également consacrée à la représentation de types populaires, de lansquenets et surtout de paysans ; certaines gravures ou suites de gravures relèvent enfin de la polémique politique et religieuse, et visent, en particulier, le clergé traditionnel et la papauté.
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Écrit par
- Pierre VAISSE : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève
Classification
Média