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BEL CANTO

L'âge d'or haendélien et la décadence

Haendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Haendel

Avec Georg Friedrich Haendel (1685-1759) la gamme expressive du bel canto atteint un apogée, alors même que l'agilité virtuose est à son plus haut. On distinguera cependant ce qui, dans cette expressivité vocale, relève d'une expression codée, soumise à des formes plus ou moins stéréotypées, et ce qui s'apparente à un pathétique ou à une émotion plus spontanés.

La rhétorique baroque offre ainsi une gamme de figures obligées, d'essence descriptive, dont l'étendue et la variété sont presque sans limites, épousant tous les états d'âme et toutes les situations théâtrales. Arie di paragone où se disent les correspondances de la nature et du sentiment, arie di furore, di gelosia, di sdegno pour traduire la passion contrariée, arie di vendetta ou di tomba pour clamer la vengeance ou se lamenter sur ses conséquences funestes. Mais à côté de ses formes emblématiques et hyperboliques du canto figurato, au demeurant sublimées par le génie d'un Haendel, il y a place dans les opéras de cette époque pour le pathétique des largos élégiaques comme pour la pureté des cantabili à fleur de lèvres, que les castrats contraltistes ombrent de leur timbre envoûtant. De ces virtuoses, Stendhal rappelle opportunément qu'ils brillaient dans le canto spianato, exempt de fioritures, sensuel et porteur d'une indicible émotion.

Ce miraculeux équilibre entre extroversion et chant de l'âme trouve sa limite avec l'expansion décadente de la virtuosité, dans la seconde moitié du xviiie siècle. En réaction contre les coups que le souci de réalisme issu des Lumières porte à l'idéalisation baroque, les chanteurs suscitent alors une surenchère virtuose de plus en plus gratuite. L'exaspération technique l'emporte sur le souci expressif, le spectaculaire vide de sens appauvrit la densité humaine des ouvrages d'opéra. Le « toujours plus haut, toujours plus vite » signe la décadence d'un genre. La progressive disparition des castrats s'ensuit. Cette dérive vers un chant uniquement préoccupé de prouesses et d'hédonisme concourt à donner du bel canto une image réductrice, qui ne retiendra d'une esthétique que ses avatars les plus discutables. Il reste que, dans ses principes comme dans sa réalité, le bel canto baroque meurt avec le xviiie siècle. Il appartiendra à Rossini de lui redonner vie et sens au cours des deux décennies qui suivront.

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Écrit par

  • : critique musical, agrégé de lettres modernes

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Haendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Haendel

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Gaetano Donizetti

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