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BARTÓK BÉLA (1881-1945)

Folklorisme et avant-garde

La musique de Bartók montre une évolution continuelle vers un but qui ne sera jamais atteint intégralement, mais dont le caractère semble de mieux en mieux circonscrit. Cette évolution comporte des éléments constants, et s'accomplit par étapes successives séparées par des périodes de silence non moins caractéristiques. Nous savons que Bartók a beaucoup composé dans son enfance et son adolescence, et que son entrée à l'Académie de musique de Budapest est marquée par un silence de trois ans. Le compositeur cherche sa voie et son langage. Il semble les avoir trouvés en 1902. Quatre années plus tard, la découverte de la musique populaire puis celle de Debussy remettent tout en cause. La nouvelle époque créatrice durera de 1907 à 1912 et se terminera par les Quatre Pièces pour orchestre. Dans le silence qui la suit, on verra les recherches folkloriques s'intensifier et s'élargir, en Afrique du Nord, notamment, et la parution du premier recueil roumain. Après une nouvelle période de silence, Bartók publie sa monographie sur la Mélodie populaire hongroise (1924, en allemand en 1925, en anglais en 1931) et prépare sa nouvelle forme d'écriture ; entre 1934 et 1936, il se familiarise avec la polyphonie vocale classique et publie trois ouvrages importants, deux en hongrois : La Musique populaire des Hongrois et celle des peuples voisins (traduction française dans Archivum Europae Centro-Orientalis, 1936), Pourquoi et comment recueillir de la musique populaire – guide pour les recherches folkloriques (en français en 1948) – et un livre sur les colindǎs (noëls) roumaines, en allemand (Vienne, 1935). De 1940 à 1943 enfin, dans son exil américain, il est préoccupé par ses travaux folkloriques, anciens et nouveaux, et semble renoncer à la composition, à part quelques transcriptions d'œuvres plus anciennes.

Nationalisme et romantisme

Deux influences liées l'une à l'autre apparaissent nettement durant la première période créatrice : celle des verbunkos et celle de Richard Strauss ! Bartók utilise deux courants différents du passé pour en faire une musique du temps présent. Son Kossuth possède des séquences géniales, mais sa réalisation dépassait ses forces. « Un nationalisme fervent exprimé dans un langage musical allemand » d'après Kodály. Mais il dépasse ses modèles. La Rhapsodie op. 1 est plus lisztienne que la musique de Liszt d'une certaine époque, tout comme les Études. Dans les deux Suites, sa personnalité s'affirme intégralement ; à côté des éléments du passé hongrois rehaussés et projetés dans le présent, on trouve d'autres procédés, comme la construction de l'œuvre en forme d'arche (une symétrie dans l'ordonnance des mouvements – ABCBA – et une parenté organique interne entre ceux-ci), un goût pour le scherzo transformé en burlesque, qui semble d'origine lisztienne et restera présent dans sa musique jusqu'à la fin.

Les options fondamentales

La deuxième période créatrice de Bartók commence là où les apports folkloriques apparaissent dans son langage musical, au moment où il est déjà engagé sur la voie de l'avant-garde, celle de l'« expressionnisme » en l'occurrence. La question qui se pose à lui désormais sera : comment ces deux options apparemment contradictoires peuvent-elles coexister, voire se fondre dans la même musique ? Bartók trouvera la réponse, mais seulement au terme d'une longue évolution, après avoir parcouru, dans l'ordre chronologique, les héritages de Liszt, Beethoven, Bach et Palestrina. En attendant, il présente des mélodies populaires originales avec harmonies complémentaires, pour piano (Pour les enfants et, partiellement, dans d'autres œuvres conçues dans un but plutôt didactique). Il pratique encore ce procédé plus tard, et pas seulement dans les œuvres[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur honoraire à l'Institut national des langues et civilisations orientales, administrateur de l'Association pour le développement des études finno-ougriennes, président du comité français Béla Bartók, compositeur, musicologue, ethnologue

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Médias

Béla Bartók, Benny Goodman, Jospeh Szigeti - crédits : Archive Photos

Béla Bartók, Benny Goodman, Jospeh Szigeti

Béla Bartók - crédits : Gabriel Hackett/ Hulton Archive/ Getty Images

Béla Bartók

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