LUGOSI BELA (1882-1956)
De son vrai nom Blasko Béla Ferenc Dezco, Bela Lugosi est né le 20 octobre 1882 à Lugos en Hongrie (aujourd'hui Lugoj, en Roumanie). À onze ans, Lugosi s'enfuit de chez lui et vit de petits boulots, notamment au théâtre. Il s'inscrit à l'Académie d'art dramatique de Budapest et débute sur les planches en 1901. De 1913 à 1919, il fait partie de la troupe du Théâtre national. Toujours à Budapest, il joue dans plusieurs films hongrois, souvent sous le nom d'Arisztid Olt. En 1919, il émigre en Allemagne où il apparaît dans des films, avant de partir pour les États-Unis en 1921. Il fait ses débuts à Hollywood dans le film The Silent Command (1923), mais tourne peu jusqu'à la fin de la décennie, en raison principalement de sa maîtrise très imparfaite de la langue anglaise, qui rend difficile la communication avec ses collègues. En 1927, il parvient à décrocher le premier rôle dans une adaptation théâtrale du roman Dracula de Bram Stroker à Broadway ; la pièce est un succès et reste à l'affiche pendant trois ans, toujours avec Lugosi. À la même époque, Lugosi fait l'objet d'un scandale à l'échelle nationale : après trois jours de mariage, sa femme demande le divorce et cite l'actrice Clara Bow comme co-défenderesse.
Lorsqu'il reprend son rôle au cinéma, pour Universal Pictures, Bela Lugosi devient une star dans tout le pays. Avec son accent à couper au couteau et sa lenteur d'élocution, il inscrit des répliques comme « Je ne bois jamais... de vin » dans la mémoire collective. Son nom restera associé au comte assoiffé de sang. Le succès du film Frankenstein, également produit par Universal, fait de ce studio le plus important producteur de films d'horreur de l'époque, et de Lugosi et Boris Karloff (qui joue le monstre de Frankenstein, rôle que Lugosi a refusé), les rois du genre. On citera, parmi les films d'épouvantes que l'acteur tourne par la suite, Murders in the Rue Morgue (Meurtres dans la rue Morgue, 1932), White Zombies (Les Morts vivants, 1932), Island of Lost Souls (L'Île du docteur Moreau, 1933) et Mark of a Vampire (La Marque du vampire, 1935). Il partage la vedette avec Boris Karloff dans plusieurs longs-métrages, dont The Black Cat (Le Chat noir, 1934), The Raven (Le Corbeau, 1935) et The Invisible Ray (Le Rayon invisible, 1936), et apparaît occasionnellement dans des films qui sortent du genre de l'horreur, comme la comédie International House (1933) produite par Paramount Pictures avec une pléthore de stars, ou Ninotchka (1939) d'Ernst Lubitsch.
Bien que généralement associé au personnage de Dracula, on considère souvent que son plus beau rôle est celui d'Ygor, un dément au corps disgracieux, dans Son of Frankenstein (Le Fils de Frankenstein, 1939). Il reprend le rôle d'Ygor dans The Ghost of Frankenstein (Le Spectre de Frankenstein, 1942). À ce moment-là, sa carrière est déjà sur le déclin. Il apparaît ensuite dans de nombreux films à petit budget peu mémorables, à quelques exceptions près, dont son interprétation du monstre de Frankenstein – rôle qu'il avait refusé en 1931 – dans Frankenstein Meets the Wolfman (Frankenstein rencontre le loup-garou, 1943). Il retrouve Boris Karloff dans le sinistre film The Body Snatcher (Le Récupérateur de cadavres, 1945) et endosse de nouveau le rôle de Dracula dans Abbott and Costello Meet Frankenstein (Deux Nigauds contre Frankenstein, 1948).
La déchéance de Lugosi, tombé dans l'indigence et l'oubli, s'accompagne d'une dépendance de plus en plus forte aux stupéfiants. En 1955, il se fait interner volontairement à l'hôpital de Norwalk en Californie, pour toxicomanie ; il en sort la même année. À la même période, il commence à travailler avec Ed Wood, Jr., souvent considéré comme le plus mauvais réalisateur de l'histoire du cinéma. De leur collaboration naissent des films[...]
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Écrit par
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POE EDGAR ALLAN (1809-1849)
- Écrit par Gilles MENEGALDO
- 5 554 mots
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...Poe. Le caractère obsessionnel, la perversité, les situations extrêmes ne sont cependant pas si éloignés de l’univers poesque. Ainsi, dans Le Corbeau, Bela Lugosi tient le rôle d’un chirurgien admirateur de l’écrivain. Il déclame ses poèmes et reconstitue dans sa maison certains des dispositifs de torture...