- 1. Des Romains aux Carolingiens
- 2. Les cités médiévales
- 3. La vitalité économique
- 4. Ducs de Bourgogne et princes de Habsbourg
- 5. Le soulèvement contre Philippe II
- 6. Sous la domination espagnole
- 7. Sous le gouvernement autrichien
- 8. La parenthèse française et hollandaise (1795-1830)
- 9. La Belgique unitaire
- 10. Bibliographie
BELGIQUE Histoire
Le soulèvement contre Philippe II
Charles Quint abdiqua à Bruxelles en 1555, laissant les Dix-Sept Provinces à son fils Philippe II. Éduqué en Espagne, ce dernier ne parlait aucune des langues nationales et ne comprenait ni l'esprit tolérant ni l'aversion pour l'absolutisme de ses sujets. Profondément catholique, Philippe II se posait en champion du concile de Trente, du centralisme à outrance et de la persécution des protestants. Son arrivée au pouvoir se traduisit dans les Dix-Sept Provinces par la création de nouveaux évêchés, par un recul de l'influence des nobles dans les conseils et par l'application stricte des célèbres placards de 1550. Bien que plus rationnel pour l'Église romaine, ce redécoupage diocésain fut très mal accueilli par les grandes abbayes à qui l'on imposa de doter les nouveaux évêchés de terres et de revenus. Le clergé était donc divisé. Les nobles, furieux d'avoir été réduits à l'impuissance, parvinrent en 1565 à évincer le cardinal de Malines, Antoine Perrenot de Granvelle, le trop zélé Premier ministre du roi. L'instauration de l' Inquisition d'État conféra aux magistrats locaux un pouvoir discrétionnaire qui leur permit d'appliquer les placards un peu à leur gré. La métropole d'Anvers surtout, joignant à un extrême cosmopolitisme une grande bigarrure religieuse et subordonnant tout au commerce, se distinguait par son absolue tolérance.
Pour faire face à l'Inquisition et à la politique centralisatrice, la petite noblesse constitua le Compromis des nobles, une sorte de conjuration, et en avril 1566, deux cents de ses membres présentèrent à la régente une pétition demandant l'adoucissement des placards. Le conseiller Berlaymont rassura Marguerite de Parme : « N'ayez crainte, Madame, ce ne sont que des gueux. » Ce terme de mépris devait devenir par la suite un titre de gloire. Marguerite feignit de faire des concessions. Il s'ensuivit des prédications en plein air à la campagne et jusqu'aux portes des villes, ce qui permit aux calvinistes de s'enhardir. Les prédicateurs dénonçaient le comportement coupable et les péchés des papes et des riches et évoquaient la misère qui menaçait. Les meneurs protestants exigeaient des temples et demandaient la « purification des églises ». Leurs requêtes restant sans effet, la tourmente iconoclaste éclata à Hondschoote en août 1566. Elle déferla sur tout le pays ; les iconoclastes appartenaient à toutes les classes de la population. Ce fut un choc pour la haute noblesse et la régente. Les comtes d'Egmont et de Hornes ainsi que Guillaume d'Orange conclurent des accords avec la petite noblesse en vue de rétablir l'ordre dans le pays. Ainsi fut fait : beaucoup d'iconoclastes furent châtiés et, à l'automne de 1567, Marguerite contrôlait à nouveau calvinistes et petite noblesse. Cependant, à Madrid, le radicalisme du duc d' Albe l'avait emporté sur le parti de la prudence mené par De Mendoza. Philippe II voyait la voie libre : mettant à profit la répression contre les hérétiques, il rendrait le gouvernement central indépendant des aides et des transferts d'argent à partir de l'Espagne. Du reste, la Castille n'entendait pas payer d'impôts supplémentaires pour financer la lutte contre les hérétiques de Flandre. La levée de nouveaux impôts aux Pays-Bas mêmes devait fournir au pays les ressources permettant de pourvoir à l'entretien de l'armée espagnole. Albe débarqua aux Pays-Bas avec une armée d'environ 10 000 hommes et institua le Conseil des troubles, tribunal d'exception qui se mit aussitôt à l'œuvre. Les comtes d'Egmont et de Hornes furent arrêtés en dépit de leurs privilèges et exécutés le 5 juillet 1568 sur la Grand'Place de Bruxelles. Dans tout le pays, 10 000 personnes furent citées[...]
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Écrit par
- Guido PEETERS : docteur en droit, licencié en sciences politiques et diplomatiques
Classification
Médias