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BEN BENJAMIN VAUTIER dit (1935-2024)

Né le 18 juillet 1935 à Naples (Italie), l’artiste français d’origine suisse Benjamin Vautier, dit Ben, est arrivé à Nice à l'âge de quatorze ans. Contemporain d'Yves Klein, Arman, César ou Martial Raysse, il a incarné l'âme artistique de cette ville, sans jamais se départir d'une verve égocentrique, matière première de son œuvre.

Sculptures, peintures, assemblages d'objets, projections de films, documents, textes théoriques et installations illustrent les multiples facettes de la production de cet artiste qui se dit à la fois « touche-à-tout » et « maniaque du classement ». Dès ses débuts, à la fin des années 1950, dans la mouvance néo-dadaïste, il est associé au groupe des Nouveaux Réalistes. À partir de 1961, il pratique l'appropriation systématique, signant tout ce qui ne l'a pas été car, selon lui, l'art réside dans l'intention. Ben provoque. Il ouvre « Le Magasin », une boutique totalement envahie par ses productions, servant à la vente de disques d’occasion et de brocante, favorable aussi aux discussions et aux rencontres. Très vite, il attire les artistes niçois, expose Robert Watts ou La Monte Young. Son art déborde largement du cadre, envahit la vitrine et le trottoir. Entre 1958 et 1972, la boutique devient une quasi-institution niçoise. Elle sera achetée en 1975 par le Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, à Paris, démontée et réinstallée par les soins de l’artiste. Très productif dans les années 1960, Ben participe aux activités du groupe Fluxus (un engagement essentiel pour lui et auquel il reste fidèle), fonde le Théâtre Total, inaugure l'art postal et prend part aux premiers happenings organisés en France dans le cadre du festival de la Figuration libre de Jean-Jacques Lebel. Rapidement s'impose dans son œuvre l'importance du lien entre vie et art qu'il développe dans des actions de rue (se coucher par terre), des gestes d'attitude (ne pas parler), explorant la voie de l'anti-art ouverte par Marcel Duchamp au début du xxe siècle. En 1962, il s'installe pendant quinze jours dans la vitrine d'une galerie. « La vie est art » est son mot d'ordre.

Le mot, l'aphorisme, la pensée et la signature, d'une écriture blanche et bouclée sur fond noir s'affirment comme le signe distinctif de son travail : « la chambre du philosophe », « on est tous coupables », « décodons le futur », « qu'est-ce que l'art ? », « non je ne suis pas jaloux d'Andy Warhol » en constituent quelques exemples. Ben crée comme il respire et appose un peu partout, dans la logique d'une franchise commerciale, ses remarques ironiques proches du slogan. Son style, d'une pratique spontanée et sans artifice, est devenu une marque. « Le plus important pour moi est de savoir pourquoi je veux peindre, pourquoi je veux être artiste. Et quand je me suis posé ces questions, j'ai répondu que c'était pour mon ego. »

Après une éclipse dans les années 1980, durant laquelle il songe à arrêter l'art pour se consacrer à l'étude des ethnies et à la défense de la spécificité de la culture occitane, il occupe à nouveau la scène médiatique. Il est un des rares artistes à céder aux demandes du marketing et de la production de masse. Il dépose son nom sur de nombreux produits dérivés, de l'étiquette de bouteille de vin au tapis à souris informatique, inondant le monde quotidien de son empreinte. L'arrivée d'Internet lui permettra de créer sa propre radio, d’écrire de façon prolixe des chroniques et de poursuivre son entreprise égotique.

À Blois, Ben installe le Mur des mots (1995), composé de 300 plaques émaillées fixées sur la façade de l'école des Beaux-Arts. Il y crée également la Fondation du doute (2013), qui succède au musée de l’Objet et présente[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • FIGURATION LIBRE, mouvement artistique

    • Écrit par
    • 996 mots

    L'expression « figuration libre » a été forgée au cours de l'été de 1981 par l'artiste Ben qui avait invité Robert Combas et Hervé Di Rosa à exposer dans sa galerie de Nice (2 Sétois à Nice). Cette appellation qui, un an plus tard, désignera une vingtaine d'artistes...

  • FLUXUS

    • Écrit par
    • 2 268 mots
    • 1 média

    Avec la feinte désinvolture qui fait son charme, l'artiste français Ben Vautier définit Fluxus comme : « le nom d'un groupe créé en 1962 et dont les membres vivent un peu partout dans le monde [...]. Officiellement, rien ne les relie entre eux, hormis les influences qu'ils ont subies et une certaine...

  • HAPPENING

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    ...Brecht, Dick Higgins, George Maciunas, fondateur du groupe Fluxus, qui a bientôt connu une dizaine de centres à travers le monde et dont le Français Ben Vautier et les Allemands Joseph Beuys et Wolf Vostell ont été les plus vigilants protagonistes. La France a aussi enregistré l'activité fugitive...
  • MACIUNAS GEORGE (1931-1978)

    • Écrit par
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    Artiste fondateur du mouvement Fluxus, Yurgis (George) Maciunas naît à Kaunas en 1931 d'un père lituanien et d'une mère russe. En 1947, il s'installe avec ses parents à New York et suit les cours d'art, d'arts graphiques et d'architecture de la Cooper Union School of Arts de l'université de New York...