BERNANKE BEN S. (1953- )
L’économiste américain Ben Bernanke a présidé la Réserve fédérale américaine (Federal Reserve System, Fed) de février 2006 à janvier 2014. Il est ainsi parvenu à l'apogée d'un itinéraire brillant, qui ne l'a conduit que tardivement dans la sphère politique. Désigné par le président George W. Bush comme la « bonne personne » pour remplacer Alan Greenspan à la tête de la banque centrale américaine, cet universitaire de premier plan a dû faire face durant ses deux mandats à la crise de 2008 et à ses conséquences.
Né à Augusta (Georgie) le 13 décembre 1953, Benjamin Shalom Bernanke révèle rapidement des aptitudes intellectuelles exceptionnelles. En 1971, il obtient le meilleur score de l'État de Caroline du Sud aux examens d'entrée à l'université (1 590 sur 1 600 points). Il poursuit des études supérieures de sciences économiques à Harvard, où il obtient sa maîtrise avec les félicitations du jury en 1975, ainsi que le prix Allyn-Young du meilleur mémoire d'économie. Mais c'est au Massachusetts Institute of Technology (MIT) qu'il prépare, sous la direction de Stanley Fischer, sa thèse de doctorat, achevée en 1979. D'abord nommé à l'université Stanford, il devient professeur à Princeton à partir de 1985. Il y effectue une riche carrière, marquée par de nombreuses distinctions (parmi lesquels le prix John-H.-Williams de l'université Harvard en 1975, et la bourse Guggenheim en 1999). Principalement centrée sur les questions macroéconomiques, en particulier monétaires (politique monétaire optimale, effet d'accélérateur financier...), sa production scientifique comprend de multiples articles de recherche, deux ouvrages de référence dans leur domaine et de nombreux manuels universitaires. Ben Bernanke s'inscrit dans un courant de la recherche économique qui opère une synthèse entre la macroéconomie keynésienne et les apports des nouveaux classiques, au premier rang desquels l'hypothèse d'anticipations rationnelles.
Outre sa collaboration en tant qu'éditeur aux meilleures revues scientifiques d'économie (Journal of Financial Intermediation, Journal of Money Credit and Banking et American EconomicReview), il se voit également confier à partir du début des années 1990 un certain nombre de responsabilités en dehors de ses attributions professorales, tant à l'université que dans des organismes gouvernementaux. Il devient ainsi conseiller scientifique à la Fed de New York en 1990. Il est ensuite nommé directeur du département d'économie de Princeton en 1996, avant de prendre la direction du programme de recherche en économie monétaire du National Bureau of Economic Research en 2000. Sous l'impulsion de Glenn Hubbard, chef des conseillers économiques de George W. Bush, il se voit offrir, en 2002, un des sept sièges du Conseil des gouverneurs (Federal Reserve Board) de la Fed, alors qu'il est presque inconnu hors de la sphère universitaire. En juin 2005, il remplace Gregory Mankiw à la tête du Conseil économique du président américain. Le 24 octobre, ce dernier le nomme à la présidence de la Fed, choix confirmé quelques semaines plus tard par le Sénat.
Si Alan Greenspan, son prédécesseur, était considéré comme un homme engagé avant sa prise de fonctions à la tête de la Fed, en revanche, les collègues universitaires de Ben Bernanke ignoraient, pour la plupart, qu'il était républicain. En le nommant, le président Bush choisit un étranger au monde politique, loin de faire l'unanimité dans son entourage. Sa réputation mondiale parmi les économistes universitaires, sa crédibilité auprès des marchés financiers et, précisément, son indépendance politique ainsi que sa rigueur emportent finalement l'adhésion du président américain, à la recherche d'une nomination consensuelle.
Cette absence de[...]
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Écrit par
- Jérôme HÉRICOURT : docteur ès sciences économiques
Classification
Média
Autres références
-
YELLEN JANET (1946- )
- Écrit par Jean-Marc DANIEL
- 894 mots
- 1 média
Ce positionnement la rapproche de Ben Bernanke, qui devient président de la banque centrale après le départ de Greenspan en 2006 et la nomme vice-présidente en 2010. Elle apporte alors son soutien à la politique de quantitative easing(« assouplissement quantitatif ») menée par Bernanke. L’assouplissement...