BÉNIN
Nom officiel | République du Bénin (BJ) |
Chef de l'État et du gouvernement | Patrice Talon (depuis le 6 avril 2016) |
Capitale | Porto-Novo 1
|
Langue officielle | Français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
13 844 000 (2024) |
Superficie |
114 763 km²
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Le régime révolutionnaire de Mathieu Kérékou
Pour nombre d'observateurs, cette nouvelle intervention de l'armée dans le jeu politique dahoméen s'inscrivait dans la continuité des précédentes. En fait, le régime révolutionnaire qui se mit en place en 1972 allait ouvrir une ère nouvelle, rompant avec les deux traits caractéristiques de la période précédente : l'hégémonie politique des « évolués » et l'instabilité institutionnelle chronique. Le régime instauré par Kérékou inaugura une longue période (17 ans) de stabilité relative, au cours de laquelle de nouvelles élites civiles et militaires allaient s'affirmer dans l'espace public.
Les aléas de la révolution
De 1972 à 1990, le régime de Kérékou connut toutefois des métamorphoses importantes, liées à l'évolution des luttes factionnelles : une brève période nationaliste (1972-1974) ; une phase de radicalisation et d'institutionnalisation du régime (de 1974 au début des années 1980) ; une phase « thermidorienne » d'ouverture où le pragmatisme semblait devoir l'emporter sur l'option socialiste (1982-1988), et enfin une situation de crise ouverte qui allait conduire à la chute du régime (1989-1990).
En 1974, sous l'influence de jeunes révolutionnaires – les « Ligueurs » – le gouvernement adopta le marxisme-léninisme comme idéologie officielle et engagea un vaste programme de « révolutionnarisation » de la société que devait symboliser le changement de nom du pays, devenu république populaire du Bénin en novembre 1975. Nationalisation de tous les secteurs de l'économie, réforme du système éducatif, mise en place de coopératives agricoles et de nouvelles structures d'administration locale (comités révolutionnaires locaux), interdiction des activités politiques et syndicales, lancement d'une violente campagne d'éradication des « forces féodales » (chefferies et religions traditionnelles) : le pouvoir verrouillait toutes les activités et institutionnalisait la dictature avec la création, en 1975, du Parti de la révolution populaire du Bénin (P.R.P.B.), l'élection d'une Assemblée nationale révolutionnaire (A.N.R.) et l'adoption d'une nouvelle Loi fondamentale en 1977.
Le système répressif se maintint, mais la phase de radicalisme révolutionnaire ne dura pas longtemps. En 1982, en proie à une aggravation dramatique de la situation économique, le gouvernement reconsidéra sa stratégie d'étatisation et adopta, sous l'influence de jeunes technocrates, une série de réformes destinées à rationaliser le système. Des contacts furent même pris avec les institutions de Bretton Woods en prévision d'un plan d'ajustement structurel. Un nouveau type de discours émergea dès lors, reflétant l'ascension des nouveaux cadres intellectuels dans l'appareil d'État et l'échec de l'option socialiste. Cette orientation, au fond, ne fut guère plus qu'une rhétorique cimentant l'alliance entre « ligueurs » et militaires et masquant un « laxisme-béninisme », par bien des points semblable aux autres régimes africains de parti unique.
Si son projet a échoué, le régime de Kérékou a toutefois bouleversé les rapports de force dans l'espace public : de nouvelles élites militaires et civiles se sont affirmées, mettant en cause la prééminence des akowé, et des « cadets sociaux » ont émergé sur le devant de la scène, ébranlant la position des anciens dominants. Les institutions révolutionnaires ont fourni à certaines catégories de la société, marginalisées auparavant en raison de leur statut social ou de leur origine géographique, l'occasion d'une revanche. Les paysans, par exemple, ont bénéficié d'une active politique de promotion économique et ont acquis une représentation nationale à l'A.N.R., qui leur réservait un quota[...]
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Écrit par
- Richard BANÉGAS : professeur de science politique au Centre d'études des relations internationales de la Fondation nationale des sciences politiques, Sciences Po
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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