BÉNIN
Nom officiel | République du Bénin (BJ) |
Chef de l'État et du gouvernement | Patrice Talon (depuis le 6 avril 2016) |
Capitale | Porto-Novo 1
|
Langue officielle | Français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
13 844 000 (2024) |
Superficie |
114 763 km²
|
Le « Renouveau démocratique »
La Conférence nationale : l'expérience d'une transition réussie
Ajouté aux retards croissants dans le paiement des salaires, le « scandale des banques » déclencha une extraordinaire vague de mobilisation qui allait mettre à bas le pouvoir issu du coup d'État de 1972. Les étudiants et les enseignants furent les premiers à manifester leur mécontentement : en réponse aux mesures d'austérité annoncées par Mathieu Kérékou, ils s'engagèrent, en janvier 1989, dans un mouvement de grève illimitée, bientôt suivis par les autres secteurs de la fonction publique. Le mouvement se renforça encore avec l'engagement de l'Église catholique – très puissante dans le Sud-Bénin –, qui publia une lettre pastorale dénonçant les dérives du pouvoir. Les forces de l'ordre cachaient mal leur malaise et se divisaient quant à l'attitude à adopter vis-à-vis des opposants. L'ensemble du pays était paralysé.
Malgré les mesures d'apaisement prises par le gouvernement (règlement des arriérés de salaires, création d'une Commission des droits de l'homme, loi d'amnistie pour les prisonniers politiques, nomination d'un gouvernement d'ouverture), la protestation se radicalisa sous la double influence des syndicats nouvellement créés et du Parti communiste du Dahomey qui, depuis les années 1970, organisait la résistance dans la clandestinité. Les revendications corporatistes cédèrent alors rapidement le pas à une critique politique du régime. Face à la violence des protestations et à la pression des bailleurs de fonds, le pouvoir dut capituler : les 6 et 7 décembre 1989, les plus hautes instances du P.R.P.B. abandonnèrent officiellement la ligne marxiste-léniniste et annoncèrent la tenue d'une Conférence nationale devant donner lieu à la rédaction d'une nouvelle Constitution.
Cette conférence se tint à Cotonou du 19 au 28 février 1990, après une « guerre des quotas » entre le pouvoir et l'opposition sur la question du nombre de délégués devant représenter les « sensibilités politiques ». Moment clé du processus béninois de démocratisation, la Conférence nationale s'imposa à travers tout le continent comme un modèle de transition pacifique. Loin des images idéalisées d'un forum de réconciliation nationale, elle connut d'âpres conflits qui faillirent dégénérer dans la violence. Mathieu Kérékou, en effet, concevait uniquement ces assises comme un mode de gestion de la crise qu'il avait déjà expérimenté en 1979. Mais cette option conservatrice fut très vite remise en cause par les participants qui, à l'instar des états généraux de la Révolution française, imposèrent la souveraineté des actes de la Conférence. Les quatre cent quatre-vingt-treize délégués suspendirent ainsi la loi fondamentale de 1977 et instaurèrent le multipartisme intégral. Ils restreignirent considérablement les pouvoirs du chef de l'État (maintenu à son poste pour rassurer l'aile dure du régime) et mirent en place des institutions de transition : un organe législatif, le Haut-Conseil de la République, et un poste de Premier ministre confié à Nicéphore Soglo, ancien administrateur de la Banque mondiale. Habilement présidée par Mgr De Souza, archevêque de Cotonou, la Conférence nationale jeta donc en une semaine les bases d'un nouvel ordre politique pluraliste. Celui-ci se consolida progressivement avec l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution en décembre 1990 et la tenue d'élections législatives et présidentielle en mars 1991 qui aboutirent à la victoire de Nicéphore Soglo sur Mathieu Kérékou, avec 67,73 % des suffrages.
Les dividendes de la libéralisation
Un fois élu, Nicéphore Soglo s'attela à un immense chantier de reconstruction du pays. Parmi les priorités du[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Richard BANÉGAS : professeur de science politique au Centre d'études des relations internationales de la Fondation nationale des sciences politiques, Sciences Po
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
BÉNIN, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ABOMEY
- Écrit par Pierre VENNETIER
- 291 mots
- 1 média
Au xviiie siècle, Abomey devint la capitale d'un royaume noir dont les souverains successifs agrandirent leur domaine par des guerres renouvelées contre leurs voisins, surtout les Yoruba (ou Nago). L'un des plus puissants fut Ghézo (1818-1858), bon organisateur et grand chef militaire, dont le vaste...
-
ATAKORA
- Écrit par Marie-Christine AUBIN
- 284 mots
- 1 média
Ensemble montagneux situé dans le nord-ouest du Bénin. L'Atakora est une série de crêtes de type appalachien, composées de grès et de quartzites paléozoïques, aux sommets plats, dont l'altitude varie de 500 à 800 mètres. Les chaînes orientées nord-est - sud-ouest varient en largeur de 5 à 80 kilomètres...
-
COTONOU
- Écrit par Pierre VENNETIER
- 523 mots
- 1 média
Bien qu'elle n'en soit pas la capitale officielle (qui est Porto-Novo, établie par la Constitution et siège du pouvoir législatif), Cotonou est la première ville du Bénin, avec une population de 761 137 habitants en 2006. Elle s'étend sur des terrains qui avaient été cédés à la France...
-
DAHOMEY ROYAUME DU (XVIIIe-XIXe s.)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 693 mots
Danxomé, ou Dahomey comme l'appelèrent les colons, fut un royaume de l'Ouest africain qui s'épanouit aux xviiie et xixe siècles, dans la région qui correspond aujourd'hui au sud du Bénin. Au début du xviie siècle, trois frères se disputent le royaume d'Allada, qui a prospéré,...
- Afficher les 9 références