MUSSOLINI BENITO (1883-1945)
Le maître de l'Italie fasciste (1922-1940)
À partir de 1920, la vie de l'ancien directeur de l'Avanti ! se confond avec celle de son mouvement (devenu Parti national fasciste en 1921), puis avec celle du régime qu'il a instauré en octobre 1922 à la suite d'une période de violence dont le point d'aboutissement fut la « marche sur Rome » et la désignation de Mussolini comme Premier ministre : un régime dont le raidissement autoritaire et totalitaire lui est largement imputable. Mussolini a vite troqué, en effet, le mode de vie du journaliste et du dirigeant politique ordinaire pour celui du chef charismatique et de l'homme d'État, en attendant de poser pour l'histoire sous les traits du nouveau César. L'image qu'il s'applique à donner de lui-même est celle de l'homme d'exception, doté d'une force morale et de qualités intellectuelles et physiques hors du commun. Il utilise à cette fin tous les moyens que les services de propagande mettent à sa disposition : photographies soigneusement élaborées et sélectionnées, affiches, bandes d'actualité, etc. Mussolini est le premier dirigeant populiste du xxe siècle à avoir su utiliser de manière massive la radio et le cinéma. Il aime être immortalisé dans les gestes du travailleur (maçon, laboureur, forgeron, etc.) ou dans ceux du sportif émérite pratiquant les activités les plus viriles et les plus dangereuses. Il se plaît à faire figure de condottiere ou de légionnaire victorieux, s'adressant aux masses torse bombé, menton en avant et poings sur les hanches. Dès la fin des années 1920, c'est une véritable religion civile, avec sa liturgie, ses fêtes, son culte du « guide » quasi divinisé, qui s'est constituée autour de la figure emblématique de « l'homme de la Providence ». Toutefois, derrière le héros appliqué à forger sa légende, il y a un Mussolini « petit-bourgeois », hésitant, inquiet, très attaché à sa famille, ce qui ne l'empêche pas de rechercher les succès féminins et d'entretenir, à partir de 1936, une liaison amoureuse avec Claretta Petacci, jeune femme issue de la bonne bourgeoisie romaine, qui lui apportera un réconfort constant dans les dernières années du régime.
Jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Mussolini a exercé un fort pouvoir d'attraction sur les foules, ainsi que sur de nombreuses personnalités étrangères (Churchill, Roosevelt, Gandhi...). Sa popularité en Italie, il la doit à sa forte présence physique, à son talent d'orateur, au sentiment qu'il suscite d'être, comme ceux qui l'acclament, un homme du peuple. Dans la conduite des affaires, il sait faire preuve d'une grande souplesse et d'un opportunisme sans faille. Mais il manque d'esprit de synthèse et perd beaucoup de temps à régler des questions de détail. Il a certes un projet global et grandiose, visant à faire de l'Italie une grande puissance, héritière de la romanité. Mais il s'agit d'un programme assez flou, d'une métaphore destinée à mobiliser les Italiens afin de créer une société nouvelle, un « homme nouveau », dont le parti fasciste – qui dépend étroitement de lui mais dont le rôle ne cesse de croître à la veille de la guerre – a vocation à préparer l'avènement.
Par tempérament autant que par souci d'afficher une personnalité de fer, Mussolini cultive un mépris des hommes qui l'enferme peu à peu dans la solitude et le laisse sans appuis au moment des grandes décisions, ou dépendant de petites coteries qui l'inclinent à négliger les avis des plus avisés. Avec l'âge et les effets du mal qui le ronge (de violentes douleurs gastriques d'origine psychosomatique), ces défauts de caractère tourneront à la paranoïa.
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Écrit par
- Pierre MILZA : professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris
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