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MUSSOLINI BENITO (1883-1945)

La guerre et la fin du fascisme (1940-1945)

C'est à bien des égards l'échec de cette « révolution culturelle du fascisme » (De Felice) qui conduit Mussolini à faire entrer son pays dans la guerre en juin 1940, contre le sentiment quasi unanime de la classe dirigeante, des chefs de l'armée et du peuple italien. En choisissant de lier son sort à celui de l'Allemagne, le Duce ne vole pas seulement au secours d'une victoire qui paraît acquise. Il s'engage dans le conflit parce qu'il estime que des sacrifices imposés à son peuple sortira enfin cette race retrempée et régénérée dont il ne cesse depuis vingt ans de vouloir restaurer les vertus guerrières.

Le sort des armes, particulièrement défavorable à l'Italie, première des puissances de l'Axe à succomber aux assauts des Alliés, en décidera autrement. Dès la fin de 1941, tandis que les nuages s'accumulent et que l'Italie devient de plus en plus dépendante de son alliée germanique, l'ancien socialiste devenu chef de guerre – il s'était fait décerner en 1938 le titre de « premier maréchal de l'Empire » – n'est plus que l'ombre de lui-même. Muré dans sa solitude, affaibli par la maladie, il passe sans transition de l'optimisme le plus démesuré à la dépression. Plus indécis que jamais, en proie à une méfiance extrême envers presque tous les dirigeants fascistes, il passe de longues périodes hors de Rome, dans sa maison de campagne romagnole, coupé d'un peuple qui n'aspire plus qu'à la liberté et à la paix.

C'est un homme diminué et désespéré qui se rend, le soir du 24 juillet 1943, à la réunion du Grand Conseil du fascisme. Depuis plusieurs mois, des représentants de la Cour et quelques-uns des hiérarques fascistes qui, comme le roi Victor-Emmanuel III, souhaitent faire sortir leur pays de la guerre, ont pris contact avec les Alliés et mis au point un scénario obligeant le Duce à abandonner le pouvoir. À l'issue d'une séance dramatique qui se prolonge tard dans la nuit, l'ordre du jour présenté par Dino Grandi, qui exige l'abolition de la dictature personnelle et demande au roi d'« assumer toutes les initiatives suprêmes de décision » est voté par dix-neuf voix contre sept et une abstention. Le 25 juillet, au sortir de l'audience royale, Mussolini est arrêté et transféré dans l'île de Ponza, puis dans celle de la Maddalena et enfin dans un site isolé des Abruzzes – Campo Imperatore –, d'où Hitler le fait libérer le 12 septembre par un commando aéroporté commandé par Otto Skorzeny.

À Rastenburg, où Hitler a installé son Q.G., Mussolini doit accepter, sous la pression du Führer – qui menace de faire payer cher à l'Italie sa défection et de faire raser plusieurs villes de la péninsule –, de constituer un gouvernement entièrement inféodé au Reich. Croit-il ou non que la victoire de l'Allemagne est encore possible ? Ou se laisse-t-il forcer la main par lassitude, par souci d'épargner aux Italiens les effets de la vengeance hitlérienne, par respect pour la parole donnée ? Un peu de tout cela sans doute. Quoi qu'il en soit, devenu le simple exécutant de la politique nazie, le dictateur déchu installe sur les rives du lac de Garde, à Saló et à Gargnano, une « République sociale » que Mussolini prétend vouloir ramener aux sources révolutionnaires du premier fascisme. En janvier 1944, il laisse un tribunal spécial peuplé des créatures de Roberto Farinacci et d'Alessandro Pavolini, les plus féroces des dirigeants fascistes alignés sur l'Allemagne hitlérienne, condamner à mort, à Vérone, son propre gendre et ex-dauphin, le comte Ciano, fusillé dans le dos avec quatre des conjurés du 24 juillet.

Le dernier acte se joue lors de la débâcle allemande du printemps de 1945. Pendant dix-huit[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris

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Benito Mussolini - crédits : Ullstein Bild/ Getty Images

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