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DISRAELI BENJAMIN (1804-1881) comte de Beaconsfield

Homme d'État britannique. Fils d'un père juif converti à l'anglicanisme, Benjamin Disraeli se fait d'abord connaître par ses talents d'écrivain. Après plusieurs œuvres mineures, dont Vivian Grey en 1827, il publie en 1844, 1845 et 1847 ses trois grands romans : Coningsby ; Sybil, or The Two Nations et Tancred, or The New Crusade. Le premier pose le problème de la société de son temps ; il dénonce dans le deuxième les maux de la vie ouvrière à Manchester et y déplore l'existence dans un même pays de « deux nations » ; dans le troisième s'exprime le rêve d'une nouvelle révélation divine et l'espérance d'un spiritualisme régénérateur qui viendrait d'Asie. Il traduit ainsi les aspirations d'un groupe de jeunes tories dits sociaux. C'est qu'entre-temps il s'est tourné vers l'action politique. Tenté au départ par le radicalisme, il a rompu à partir de 1836 avec le parti libéral pour adopter les couleurs des conservateurs et pour se faire élire sous leur égide, en 1837, aux Communes. Son éloquence extraordinaire, sa mise, sa réputation d'extravagance contribuent à son succès, et il est récompensé, après 1846, de sa fidélité à un parti déchiré par la « trahison » de Robert Peel et des libre-échangistes. Ami personnel de lord Derby, il devient son chancelier de l'Échiquier en 1852 et servira encore sous sa direction en 1858 et en 1867, avant de devenir Premier ministre lui-même en 1868. Vaincu aux élections de décembre 1868, il revient au pouvoir de février 1874 à avril 1880. Nourri de la nostalgie de la vieille alliance de la couronne et du peuple, il a eu l'intuition des nécessités du monde contemporain et, comme Gladstone, son grand rival, il s'est fait l'apôtre de la démocratisation progressive du régime. On lui doit l'inspiration de la réforme de 1867, considérée alors comme un « saut dans l'inconnu » parce qu'elle accordait le droit de vote à l'aristocratie ouvrière. Convaincu que l'« élite naturelle » s'imposerait aux suffrages de la masse, il lui demande de consentir aux réformes sociales qui scelleront ce destin. Ses années de gouvernement ont été marquées par le vote de lois importantes dont le fameux Employer and Workman Act de 1875, abolissant les différences entre patrons et ouvriers sur le plan du témoignage judiciaire, ou encore la nouvelle loi syndicale votée la même année et qui rendait légal le piquet de grève, ainsi que d'autres textes législatifs sur le logement ou la santé publique. Dans son discours célèbre de Crystal Palace en 1872, Disraeli avait tenté de définir les voies d'un conservatisme moderne, attaché à la tradition, mais ouvert à l'évolution. La nouvelle organisation du parti, définie à la même époque, essaie d'allier le militantisme de sections locales plus vigoureuses et l'autoritarisme d'un comité directeur tout-puissant dans la détermination de la politique générale et dans le choix des candidats à la députation. Disraeli est l'apôtre d'une « plus Grande-Bretagne » et l'un des pères de l'impérialisme britannique. La reine Victoria lui doit d'être devenue, en 1876, impératrice des Indes. L'Angleterre se fait, sous son égide, plus entreprenante et plus audacieuse dans l'œuvre coloniale, plus interventionniste dans les affaires extérieures : une politique « au bord du gouffre » permettra à Disraeli, en 1878, de contenir les ambitions méditerranéennes de la Russie et d'obtenir de la Turquie la concession de l'île de Chypre. Ainsi est mieux assuré le contrôle de la route des Indes, déjà amélioré par l'acquisition, trois ans plus tôt, d'un gros paquet d'actions du canal de Suez. Très liée à son Premier ministre, Victoria l'anoblit dès août[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Benjamin Disraeli - crédits : Jabez Hughes/ Hulton Archive/ Getty Images

Benjamin Disraeli

Victoria, impératrice des Indes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Victoria, impératrice des Indes

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