GOLSON BENNY (1929-2024)

L’Américain Benny Golson fut un saxophoniste, compositeur et arrangeur de jazz, éminent représentant du hard bop.

Benny Golson naît le 25 janvier 1929 à Philadelphie (Pennsylvanie). Il étudie à l’université Howard de Washington. À partir de 1951, il tient le saxophone ténor dans l’orchestre de Benjamin « Bull Moose » Jackson, chanteur et saxophoniste de rhythm and blues. Dans cette formation, il croise les frères Albert et Jimmy Heath, Philly Joe Jones, Red Garland ainsi que le jeune John Coltrane qui aura, bien des années plus tard, une certaine influence sur son jeu. Tadd Dameron le remarque et l’engage dans son orchestre en 1953. À cette époque, Benny Golson est le partenaire de Johnny Hodges, Clifford Brown, Earl Bostic et Lionel Hampton. Il rejoint de 1956 à 1958 le big band de Dizzy Gillespie, avec lequel il participe au festival de Newport (1957). Il devient ensuite directeur musical des Jazz Messengers d’Art Blakey et sera l’un des acteurs des célèbres sessions du Club Saint-Germain de Paris (1958).

En 1959, Benny Golson et le trompettiste Art Farmer lancent le sextette Jazztet qui réunit à leurs côtés Curtis Fuller (trombone), Addison Farmer (contrebasse), Dave Bailey (batterie) et le débutant McCoy Tyner (piano). L’ensemble évoluera au fil du temps, accueillant autour des deux fondateurs diverses personnalités comme Cedar Walton (piano), Grachan Moncur III (trombone) ou encore Roy McCurdy et Lex Humphries (batterie). Cette formation restera active jusqu’en 1962, date à partir de laquelle Benny Golson s’oriente davantage vers les arrangements et la composition. Il enregistre néanmoins pour de multiples labels et conduit un grand orchestre pour une rencontre avec le Roland Kirk Quartet en 1963. À cette époque, le jazzman travaille beaucoup en Europe pour la radio et la télévision. De retour aux États-Unis en 1965, il réalise, pour les studios, de nombreuses productions commerciales bien éloignées de son idéal musical.

Il revient cependant, au début des années 1980, à un répertoire plus jazzique. Alternant saxophones ténor et soprano, il reconstitue en 1982 un nouveau Jazztet. Autour de membres historiques, le nouvel ensemble accueille Mickey Tucker (piano), Ray Drummond (contrebasse) et Albert Heath (batterie). Benny Golson retrouve Art Blakey au sein d’un All Stars Jazz Messengers dans les années 1980 et accompagne le batteur pour la tournée internationale qui fête son soixante-dixième anniversaire (1989). Il continue à se produire jusqu’à la fin des années 1990 et interprète son propre rôle, jouant l’une de ses compositions, « Killer Joe », dans la scène finale du film Le Terminal (Steven Spielberg, 2004).

Compositeur prolifique, il nous laisse de nombreuses pièces devenues des standards : « Stablemates », « I Remember Clifford », « Whisper Not », « Along Came Betty », sans oublier « Blues March » qui servit longtemps, dans les années 1960, d’indicatif à l’émission « Pour ceux qui aiment le jazz » que Frank Ténot et Daniel Filipacchi animaient sur Europe n° 1. Issu d’une lignée qui relie Coleman Hawkins, Don Byas et Lucky Thompson, le langage de Benny Golson est profondément ancré dans l’esthétique hard bop. Volontiers volubile, le saxophoniste développe un phrasé sinueux sur des thèmes bien scandés. Sa sonorité veloutée, son large vibrato et son sens aigu de la mélodie en font un excellent interprète de ballades. Il ne subira que tardivement et de manière atténuée l’influence de John Coltrane au cours des années 1980. Son jeu se fera alors plus rugueux, emporté et dramatique, tout en se tenant à bonne distance des véhémences du free jazz.

Sa vaste discographie compte notamment The Modern Touch (Riverside, 1957), Benny Golson and the Philadelphians (United Artists, 1958), Killer Joe (Columbia, 1977), jusqu’à l’ultime enregistrement qu’il signe en tant que leader, Horizon[...]