FRACHON BENOÎT (1893-1975)
Né dans une petite commune proche de Saint-Étienne, Benoît Frachon est issu d'une famille de mineurs. Militant ouvrier dès 1909, il participe à la grève des métallurgistes pour la reconnaissance du droit syndical en 1910. À cette époque il adhère au syndicalisme révolutionnaire et participe aux activités d'un petit groupe anarchiste. La déclaration de guerre le mobilise dans une usine d'armement de la Nièvre. Lorsque Albert Thomas, ministre socialiste de l'Armement, crée les délégués ouvriers, Frachon est élu, mais ses activités révolutionnaires le font très vite remarquer et il est envoyé au front en 1918. Après sa démobilisation, il adhère à la S.F.I.O. par enthousiasme pour la révolution russe. Employé en 1920 dans une usine de mécanique à Marseille, il participe aux grandes grèves de mai. En 1921, après la scission de Tours, il entraîne toute sa section au tout jeune Parti communiste. De retour à Saint-Étienne en 1922, il est élu conseiller municipal et nommé adjoint au maire. Lors de la grande grève de 1924 il est arrêté et condamné à quatre mois de prison pour son rôle à la tête du comité de grève. À sa sortie de prison il est élu secrétaire de l'union départementale de la C.G.T.U. de la Loire. Élu responsable des cellules communistes de la région lyonnaise (Rhône-Alpes), il est bientôt membre du comité central et est délégué au VIe congrès de l'Internationale communiste. De 1929 à 1932, il assume la direction collégiale du Parti communiste avec Thorez et Semard ; il participe ainsi à la reprise en main de l'organisation et à l'élimination du groupe Barbe-Celor. En 1933 il quitte son poste au secrétariat du Parti communiste pour prendre la tête de la C.G.T.U. et épurer celle-ci des tendances anarcho-syndicalistes.
Partisan de l'unité syndicale, qui se réalise en 1935, il est hostile, à l'inverse de Thorez, à la participation des communistes au gouvernement de Front populaire. Dirigeant avec Jouhaux la C.G.T., Frachon participe aux négociations de Matignon de juin 1936. Minoritaires au sein de la Confédération, les communistes menés par Frachon prennent un poids grandissant. Après l'interdiction du Parti communiste par le gouvernement Daladier, il est exclu de la C.G.T. Animateur, avec Jacques Duclos, du P.C.F. clandestin, Frachon est plus spécialement chargé des questions syndicales et dirige l'organe La Vie ouvrière. En 1945 il retrouve son poste de secrétaire national de la C.G.T. aux côtés de Jouhaux. Après la scission de Force ouvrière en 1947, il reste le leader incontesté de l'organisation syndicale, dont il n'abandonne la direction effective qu'en 1967. Membre du bureau politique du Parti communiste, il assume avec Duclos la vacance du secrétariat général, lorsque Thorez est soigné à Moscou ; dans ces années 1950-1953 il participe aux évictions successives de Marty et de Tillon. S'il a abandonné toute responsabilité syndicale, Benoît Frachon reste jusqu'à sa mort membre du bureau politique du P.C.F. et de la direction de L'Humanité.
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Écrit par
- Paul CLAUDEL : maître en histoire et géographie
Classification
Autres références
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CGT (Confédération générale du travail)
- Écrit par Jean BRUHAT , Encyclopædia Universalis et René MOURIAUX
- 4 429 mots
- 1 média
Lors du XXVIIe congrès, en 1948, Benoît Frachon insiste sur l'échec de la division syndicale : « La C.G.T. demeure la grande organisation d'unité de la classe ouvrière. » Néanmoins, le coup porté est sévère, avec une désyndicalisation importante. L'objectif qu'il fixe à l'action est de « liquider définitivement... -
OCCUPATION (France)
- Écrit par Jean-Marie GUILLON
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