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MALON BENOÎT (1841-1893)

Né dans une famille de journaliers, Benoît Malon, dès l'âge de sept ans, travaille aux champs. Autodidacte, il monte à Paris en 1863 et se fait embaucher dans une teinturerie de Puteaux ; il y anime en 1866 la grande grève des ouvriers teinturiers. Adhérent à l'Internationale dès la création de la section parisienne, il est aussi un partisan de la coopération : la coopérative ouvrière de production et de consommation lui apparaît comme l'arme privilégiée d'émancipation du prolétariat. Lorsque, à la même époque, se crée une « Société civile d'épargne, de crédit mutuel et de solidarité des ouvriers de fabrique de Puteaux, Suresnes et pays environnants », Malon en est l'âme. La Société se transforme en 1867 en une société de coopération, La Revendication de Puteaux, Suresnes, Clichy et Courbevoie, et Malon est élu vice-président. Propagandiste inlassable, il est un des artisans de l'extension des sections de l'Internationale en France ; il est délégué au Ier congrès de l'Internationale à Genève, puis à Bâle. À cette époque il semble assez proche de Bakounine. Les procès que l'Empire déclinant intente à l'Internationale entraînent pour Malon amendes et emprisonnements. Le 4 septembre 1870, le soulèvement parisien le tire de prison. Adjoint au maire du XVIIe arrondissement de Paris, il est député à l'Assemblée nationale, mais démissionne après avoir voté contre les préliminaires de paix avec l'Allemagne. Élu de la Commune, il siège à la Commission du travail, de l'industrie et des échanges, rallie la minorité sur la question du Comité de salut public et, pendant la Semaine sanglante, organise la défense des Batignolles. Poursuivi, il passe en Suisse, où il adhère à la section centrale de l'Internationale de tendance marxiste. Écrivant alors son histoire de la Commune, La Troisième Défaite du prolétariat français, il tente de jouer un rôle de conciliateur entre marxistes et anarchistes, mais contraint de choisir il opte pour la Fédération jurassienne de tendance anarchiste. C'est au cours de séjours en Italie qu'il semble avoir adhéré à la franc-maçonnerie. À partir de 1876, Malon s'écarte des anarchistes sur la question de l'État, se rapproche des marxistes et collabore à L'Égalité de Jules Guesde. Amnistié en 1880, il adhère au Parti ouvrier français mais, s'y sentant sans doute trop à l'étroit, il le quitte en 1882 ; il se définit lui-même assez bien : « Soyons révolutionnaires quand les circonstances l'exigent et réformistes toujours. » Dès lors, il garde toute son indépendance et se consacre à la revue qu'il a fondée en 1880 : La Revue socialiste. En 1891 il fait paraître Le Socialisme intégral où il développe une conception du socialisme qui annonce par certains aspects celle de Jaurès : la réforme donne au prolétariat « les forces pour les combats suprêmes de l'affranchissement intégral ». La classe ouvrière ne se bat pas uniquement pour elle, mais pour tous les opprimés. Certes seul l'État sera capable de collectiviser les moyens de production, mais le régime parlementaire n'en sera pas l'exécutant. Benoît Malon se livre à une critique radicale du système représentatif : seule vaut « la législation directe par le peuple » rassemblé en communes (de 5 000 habitants au minimum, précise-t-il), l'État ne jouant qu'un rôle de coordination.

— Paul CLAUDEL

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  • COMMUNE DE PARIS

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    ...travail, comme celle de 1789 remit la terre aux paysans, une république qui réaliserait à la fois la liberté politique et l'égalité sociale. Paris élit des bourgeois démocrates comme Victor Hugo ou Edgar Quinet, des jacobins comme Delescluze, des représentants comme Pyat,Malon, Gambon et Tolain.