NÉTANYAHOU BENYAMIN (1949- )
Nétanyahou, homme politique
De retour en Israël en 1988, il est élu député sur la liste du Likoud et est propulsé vice-ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement dirigé par Itzhak Shamir. Lors du démarrage du processus de paix israélo-arabe, à la fin de 1991, à Madrid, il occupe le devant de la scène grâce à une remarquable maîtrise des médias et défend la ligne très circonspecte du Premier ministre Shamir. Après la défaite électorale de ce dernier en juin 1992 et sa retraite politique, Benyamin Nétanyahou prend la tête du Likoud. Les circonstances lui donnent rapidement l’occasion de s’affirmer comme le chef d’une opposition de combat.
La reconnaissance de l’OLP comme un partenaire de négociations et la signature de la déclaration de principes israélo-palestinienne en septembre 1993 par le gouvernement travailliste sont en effet considérées comme une trahison par Nétanyahou, qui rejette à l’époque toute perspective de compromis territorial en Cisjordanie et à Gaza. Cette position intransigeante se durcit avec la multiplication des attentats-suicides du Hamas à partir du printemps de 1994 et conduit le Likoud à engager une campagne de dénonciation du gouvernement. Ces protestations incessantes nourrissent un climat de violence exacerbée qui contribue à l’assassinat du Premier ministre Itzhak Rabin, en 1995. À ce moment, l’avenir politique de Benyamin Nétanyahou, leader d’une formation qui a entretenu la discorde civile, semble fort compromis ; mais un ultime retournement – les attentats islamistes de février-mars 1996 – lui permet de renverser la situation et de l’emporter sur le fil, face à Shimon Peres, lors des élections de mai 1996. Il devient pour la première fois chef du gouvernement, à la tête d’une coalition de droite dans laquelle les partis les plus extrémistes lui reprochent d’avoir signé, sous les auspices américains, l’accord de Wye River (1998) qui précise les modalités du redéploiement de l’armée israélienne en Cisjordanie.
Progressivement fragilisé, Nétanyahou convoque des élections anticipées, qu’il perd au profit du travailliste Ehoud Barak (mai 1999). Après une courte « retraite », il revient au premier plan, d’abord comme ministre des Affaires étrangères (2002), puis comme ministre des Finances l’année suivante. À ce dernier poste, il engage des réformes visant à la libéralisation de l’économie ; mais il démissionne lorsque le Premier ministre Ariel Sharon met en œuvre le désengagement unilatéral de Gaza (été de 2005). Fidèle au Likoud, qu’une fraction des députés a déserté au profit d’une nouvelle formation de centre droit, Kadima, Benyamin Nétanyahou conduit en 2006 le parti à une bataille électorale dont il ressort affaibli (12 élus). Trois ans plus tard, il prend sa revanche : avec 27 députés, le chef du Likoud est en mesure de redevenir Premier ministre. Bien qu’il reprenne pour la première fois à son compte en juin 2009 l’idée d’un État palestinien indépendant au côté d’Israël, il ne fait pas grand-chose concrètement pour aller en ce sens. Cet immobilisme devait d’ailleurs conduire à de fortes tensions avec la nouvelle administration Obama. Autant sur le dossier palestinien Nétanyahou s’est montré pusillanime, autant il a martelé sans cesse son opposition résolue au programme nucléaire iranien. De nouvelles élections en janvier 2013 le confirment à la tête du gouvernement, Lors de son troisième mandat, ses relations avec les États-Unis se détériorent. Il est reconduit à la tête du gouvernement à l’issue des élections législatives de mars 2015. Il relance la colonisation dans les territoires palestiniens. Alors que le Likoud remporte les élections législatives d’avril 2019, Nétanyahou échoue à former une coalition gouvernementale et est contraint de convoquer de nouvelles élections en septembre. Deux mois plus tard, il est inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance, sans[...]
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Écrit par
- Alain DIECKHOFF : docteur en sociologie politique, directeur de recherche CNRS, CERI-Sciences Po
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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