BEOWULF (anonyme) Fiche de lecture
Beowulf, héros exemplaire
Adapté d'une légende danoise, ce poème épique rédigé aux alentours du viiie siècle mêle christianisme et paganisme, histoire et surnaturel, et porte l'idéal héroïque du guerrier à son paroxysme.
L'origine de la légende même de Beowulf est difficile à cerner. Elle concerne les Danois et les rapports qu'ils ont instauré avec les Goths, alors que ces derniers résidaient encore en Suède méridionale. L'œuvre conserve une certaine unité, fondée sur un récit en forme de diptyque relatant la jeunesse et la vieillesse de Beowulf. Ainsi que toute la poésie vieil-anglaise, celle-ci est fondée sur l'allitération, répétition de la même consonne à l'initiale des syllabes fortement accentuées du vers. Si la poésie du Moyen Âge anglais ne nous est parvenue que de manière lacunaire, le poème de Beowulf reste dans ce corpus un élément majeur. Il permet également de mieux cerner le mode de vie, les coutumes de l'ancien monde germanique, en temps de paix ou en temps de guerre. Nous suivons pas à pas la vie qui se déroule dans les châteaux, les fêtes et les réjouissances qui y sont organisées. Mais l'épopée est aussi un moyen indirect de montrer ce que doit être la vie d'un souverain, tout en exaltant le courage et l'honneur du héros. Les qualités dont Beowulf est paré lui permettent de venir à bout de toutes les difficultés de la vie. Même âgé, il n'hésite pas à se lancer à la poursuite du dragon et à le combattre. Régner ne se fait pas sans risques, mais c'est de le savoir qui rend exceptionnelle la mission de ce héros germanique.
L'épopée est aussi une aventure commune, celle d'un groupe de guerriers liés à Beowulf. Car prendre le pouvoir, et le conserver, ne peut résulter d'une quête individuelle. Le bon souverain est celui qui sait s'entourer, châtier les traîtres, et plus encore récompenser ceux qui lui sont fidèles. Certes, Beowulf est un modèle héroïque, au sens où il n'hésite pas à surpasser son humaine condition en combattant des monstres. Mais il incarne aussi les capacités du roi qui tend vers la vertu. L'imprégnation chrétienne est ici particulièrement sensible : Beowulf ne mérite pas le pouvoir en raison de ses seules capacités à remporter une victoire contre d'autres guerriers, mais aussi grâce à son habileté à l'exercer ensuite. Enfin la mise en scène de sa mort, en armes, quand le venin émané de l'haleine du dragon brûle le corps du guerrier, donne à l'ensemble de l'épopée un caractère particulièrement dramatique et une valeur exemplaire.
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Écrit par
- Florence BRAUNSTEIN : professeur en classes préparatoires économiques et scientifiques
Classification
Média