Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BERCHEM ou BERGHEM NICOLAES PIETERSZ (1620-1683)

Né à Haarlem, Nicolaes Berchem devient membre de la guilde de cette ville en 1642. Il meurt à Amsterdam où il s'était fixé depuis 1677. Il est un des peintres italianisants de la deuxième génération, celle de Both et d'Asselyn, de dix ans ses aînés. Comme ces derniers, il est allé très probablement en Italie, une première fois entre les années 1643 et 1645, puis entre 1653 et 1656. Il est d'abord élève de son père, Pieter Claesz, et ses premiers paysages, tel L'Homme et le jeune garçon labourant (National Gallery, Londres), se ressentent de la peinture de paysages de dunes pratiquée à Haarlem en 1630. Puis il est l'élève de Moeyart, peintre d'Amsterdam qui a fait un long séjour en Italie et dont l'influence sur Berchem est sensible dans les types physiques de certains des personnages qui animent ses premiers tableaux, notamment le Paysage avec Laban et Rachel (Alte Pinakothek, Munich, 1643) ; il sera aussi l'élève de Pieter de Grebber, Haarlemois qui, sans être allé en Italie, a été marqué par le caravagisme d'Utrecht, et enfin de Wils, italianisant influencé par Both, et dont Berchem va épouser la fille.

Artiste très doué, d'une inlassable activité, on connaît de lui huit cents tableaux, presque toujours signés et parfois datés, cinq cents dessins et une cinquantaine de gravures d'une grande qualité. Berchem jouit d'une grande réputation auprès de ses contemporains : ses tableaux se vendent cher, ils sont maintes fois gravés, et son influence est considérable. Parmi ses nombreux élèves, les plus connus sont Pieter de Hoch, Dirk Maas et Karel Dujardin. Il est surtout célèbre pour ses paysages de sites montagneux idéalisés où les trouées et les écrans alternent en un balancement équilibré, qui s'inspirent de ceux de Jan Both (on retrouve dans les tableaux de Berchem le goût de Both pour les arbres élancés dont le sommet sort du cadrage) et plus encore de ceux d'Asselyn dont il adopte la blonde lumière méditerranéenne, héritage de Claude. Comme chez Both et Asselyn, les figures de bergers et de troupeaux (pour lesquelles il utilise les études prises sur le vif faites en Italie et qui ont de plus en plus d'importance dans le tableau souvent à mi-chemin entre le paysage et la scène de genre) ont perdu le caractère arcadien qu'elles revêtent chez Poelenburg, pour se rapprocher des types populaires chers au Bamboche ; elles ne manquent pas toutefois d'une certaine élégance. Berchem est aussi un grand peintre animalier qui a beaucoup collaboré dans ce domaine, pour leurs paysages, avec Jacob van Ruisdael, Wils et Hackaert. Il met au point un genre nouveau, la pastorale, qui allie un certain réalisme et une simplicité « rustique » au goût du pittoresque (paysages agrémentés de ruines, qui se multiplient après son second séjour en Italie) et à la fantaisie décorative, et qui va avoir une grande fortune auprès des peintres rococo français, en particulier Boucher, qui étudiera son œuvre attentivement.

À partir de 1660, le caractère fantastique de la peinture de Berchem s'accentue : vues de ruines placées au milieu de feuilles d'acanthe dont les détails sont très fouillés et comme sculptés par la lumière. Vers la fin de sa vie, cette fantaisie imaginative prend un tour exotique souligné par une touche papillotante : comme Weenix, son contemporain, dont il a sans doute subi l'influence, il peint des scènes de ports levantins, où des personnages élégants se promènent au milieu des palais et des fontaines. Berchem a peint également des tableaux d'histoire et notamment, dans sa période tardive, des allégories et des scènes de batailles nocturnes, baroques par leur éclairage autant que par leur composition.

— Françoise HEILBRUN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification