LAFONT BERNADETTE (1938-2013)
Née le 26 octobre 1938, à Nîmes, dans le Gard, Bernadette Lafont se destine tout d'abord à la danse. Elle entre donc à l'Opéra de Nîmes, où elle fait la connaissance de Gérard Blain, qui deviendra son mari. « Montée » à Paris, elle rencontre François Truffaut qui en fait l'héroïne, au côté de Gérard Blain, du film Les Mistons (1957). Puis, toujours avec Gérard Blain pour partenaire, elle interprète Marie, la « vamp » d'un village de la Creuse, dans Le Beau Serge de Claude Chabrol (1958). Fraîche, vive, accorte, gouailleuse, spirituelle, l'air gourmand, elle devient alors une des figures de proue de la Nouvelle Vague. Ainsi, elle tourne sous la direction de Jacques Doniol-Valcroze dans L'Eau à la bouche (1960), de Claude de Givray dans Une grosse tête (1961) et dans Tire au flanc 62 (1962) et, surtout, de Claude Chabrol dans À double tour (1959), Les Bonnes femmes (1960) et Les Godelureaux (1961), ou en compagnie d'autres comédiens qui sont attachés à cette mouvance, tels Jean-Claude Brialy, Claude Rich et Jean-Paul Belmondo, dans La Chasse à l'homme d'Édouard Molinaro (1964). Parallèlement, elle joue dans des films commerciaux dirigés par quelques-uns des pires artisans de la cinématographie française : Georges Lampin, Maurice Cloche, Maurice Labro, Raoul André et André Michel. De fait, même si, au cours de la deuxième moitié de la décennie, elle tient des rôles secondaires dans des films signés Costa-Gavras (Compartiment tueurs ; 1965) ou Louis Malle (Le Voleur ; 1967), son étoile semble se ternir. Mais, en 1969, elle tient le principal rôle de La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan, dont le succès la propulse au rang de vedette.
Dès lors, Bernadette Lafont renoue avec un cinéma d'auteur dans des films qui lui confèrent l'estime de la critique et des cinéphiles, mais aussi du grand public auprès duquel elle demeure populaire. Ainsi, tourne-t-elle dans Les Stances à Sophie de Moshe Mizrahi (1970), Élise ou la vraie vie de Michel Drach (1970), L'amour c'est gai, l'amour c'est triste de Jean-Daniel Pollet (1971) et Out One de Jacques Rivette (1971). Peu après, elle revient au devant de la scène grâce à Une belle fille comme moi de François Truffaut (1972) et à La Maman et la putain de Jean Eustache (1973). Dès lors, elle se partage entre films d'auteur, signés Jacques Bral (Une baleine qui avait mal au dent ; 1975), Claude Chabrol (Violette Nozière ; 1978) ou Luc Béraud (La Tortue sur le dos ; 1978), et cinéma « commercial », principalement dans des comédies où sa vivacité, sa fantaisie, font merveilles.
Ce modèle se perpétue dans les années 1980 au cours desquelles, toutefois, Bernadette Lafont développe une importante activité, jusqu'alors passagère, à la télévision. Elle apparaît aussi dans plusieurs films de Jean-Pierre Mocky (Le Pactole, 1985). En 1986, elle est lauréate du césar pour la meilleure interprétation féminine dans un second rôle, celui de la « confidente » de L'Effrontée de Claude Miller (1985). Mais la décennie se termine sur un drame personnel : sa fille Pauline meurt à l'âge de vingt-cinq ans dans des circonstances tragiques, en 1988. Après une « pause », Bernadette Lafont reprend son activité de manière aussi intense qu'auparavant. Cependant, aucun des films, ni des téléfilms, dans lesquels elle joue ne connaît un grand succès commercial, ni ne marque les esprits, sans que cela altère cependant sa popularité. En 1997, elle fait ses débuts sur scène dans L'Arlésienne, expérience qu'elle renouvelle en 2002 et 2004. En 2003, elle reçoit un césar d'honneur.
Bernadette Lafont meurt à Nîmes, le 25 juillet 2013.
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
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