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BOLZANO BERNARD (1781-1848)

Théorie de la science

Le but de la théorie de la science est de décrire la constitution et la structure des systèmes scientifiques. Pour Bolzano, une science est un certain ensemble de vérités en soi, découpé dans la totalité des vérités selon des critères qui doivent répondre à la fois à une interrogation théorique, propre à cette science, et aux exigences de la pratique à laquelle elle se destine. L'ensemble des vérités d'une science est organisé de manière architectonique selon la relation de raison à conséquence (Abfolge) qui se superpose aux relations déductives et détermine de manière unique la « connexion objective des vérités ».

La théorie de la science doit d'abord définir le statut ontologique des vérités scientifiques. Selon Bolzano, les relations logiques qui composent la structure formelle d'une théorie scientifique ont lieu non pas entre les pensées, qui sont des actes subjectifs, ni entre les énoncés, qui sont des configurations de signes d'une langue donnée, mais entre les entités intentionnelles « idéales » qui constituent le sens (Sinn) des jugements et des énoncés et que Bolzano appelle propositions en soi. La science a une objectivité propre, qui est celle des propositions en soi, et elle doit être distinguée de ses diverses réalisations dans des traités scientifiques qui sont tous relatifs à un certain état des connaissances à une époque donnée. Ces deux éléments extrêmes, la science et le traité, délimitent le champ de la théorie de la science, qui englobe la doctrine logique des représentations et des propositions en soi, la théorie de la connaissance, l'heuristique, la théorie de la division des sciences et une sorte de stylistique des textes scientifiques qui donne des règles de l'exposition des sciences dans des manuels et traités. C'est la partie consacrée à l'édification du système logique, et tout particulièrement à la construction du système des relations entre les propositions, qui contient les innovations les plus importantes.

En cherchant à élucider les notions de vérité logique et de déduction, Bolzano remarque qu'elles sont fondées sur le concept de forme propositionnelle (Satzform). Une forme propositionnelle résulte d'une proposition lorsqu'on y remplace une ou plusieurs représentations par des variables ; cependant, dans ses exemples, Bolzano se contente de substituer des constantes (des représentations déterminées) à d'autres constantes (à d'autres représentations déterminées) auxquelles il assigne le rôle de variables, ce qui l'empêche d'opérer avec des formules et limite la portée de ses innovations. Sa méthode consiste dans l'examen des valeurs de vérité des propositions obtenues à partir d'une proposition donnée par substitutions successives de certaines constantes aux constantes considérées comme variables (dans la logique contemporaine, cela revient à examiner les interprétations d'une forme propositionnelle donnée).

Une proposition est analytique relativement à certaines représentations considérées comme variables si toutes les propositions obtenues par substitutions appropriées sont vraies ; elle est « logico-analytique » (c'est-à-dire une vérité logique) si elle est analytique par rapport à toutes les variables descriptives (c'est-à-dire si les seules constantes de ces propositions sont des constantes logiques). Dans le cas d'un ensemble fini de représentations qui peuvent être successivement substituées aux variables, Bolzano définit le degré de validité d'une proposition, savoir : le rapport du nombre des propositions vraies obtenues par substitution au nombre de toutes les propositions ainsi obtenues. Le degré de validité est 1 pour les vérités logiques, 0 pour les propositions contradictoires ; les propositions de degré compris entre 0 et 1 correspondent[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, chargé de recherche au C.N.R.S.

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