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CLAVEL BERNARD (1923-2010)

Plus de vingt romans, de nombreux contes pour enfants et une quinzaine d'essais, récits, nouvelles, constituent aujourd'hui, l'œuvre de Bernard Clavel, sans nul doute l'un de nos écrivains les plus prolixes.

Sa vie, belle et mouvementée, il l'a racontée avec émotion dans La Grande Patience, série autobiographique de quatre volumes (La Maison des autres, 1962 ; Celui qui voulait voir la mer, 1963 ; Le Cœur des vivants, 1964 ; Les Fruits de l'hiver, 1968). Bernard Clavel naît à Lons-le-Saunier en 1923. Jusqu'en 1956, date où il publie son premier roman, L'Ouvrier de la nuit, que suivront bientôt Pirates du Rhône (1957) ou Malataverne (1960), il touche à divers métiers manuels, dont la pâtisserie. Treize années plus tard, Clavel se voit couronné par l'Académie Goncourt pour Les Fruits de l'hiver. En 1971, les Goncourt l'accueillent à leurs côtés. Mais il quitte l'Académie en 1976, arguant qu'il « ne parvenait pas à lire chaque année les quelque deux cents romans publiés » et pour dénoncer des procédés qu'il réprouve.

Jamais rien d'affecté ni d'artificiel dans la littérature « clavélienne », qu'elle célèbre la Franche-Comté, Lyon et le Rhône, ou qu'elle se tourne vers l'évocation historique. Écrivain populaire – dans la meilleure acception du terme –, l'auteur du Silence des armes (1974) bannit les fioritures inutiles, combat l'égocentrisme intellectuel, pour se donner à corps perdu dans des livres simples, réalistes, fraternels. Dans Le Tambour du bief (1970), il dépeint la souffrance humaine, dans Le Seigneur du fleuve (1972), il s'irrite contre l'invasion terrifiante du modernisme, dans Qui m'emporte (1958), il se fait le chantre du retour justifié à la nature, aux sources vraies. Dans les cinq romans des Colonnes du ciel (de La Saison des loups, 1976, aux Compagnons du Nouveau Monde, 1981), il transpose ses thèmes favoris au xviie siècle et ajoute à l'évocation des paysages francs-comtois et vaudois celle des forêts du Québec, un pays où il s'installera un temps et qui lui inspirera une autre suite romanesque, Le Royaume du Nord (1983-1989). Obstinément, Bernard Clavel dénonce les tueries et la haine. Il s'affirme chrétien (en actes) au même titre qu'écrivain. Peu d'hommes ont défendu avec autant de vigueur le pacifisme et la non-violence, décrié la peine de mort et les fascismes (Le Massacre des innocents, 1970). Et son action concrète à Terre des Hommes fut un engagement sincère et lucide, tout comme le soutien qu'il apporta à Non-Violence XXI.

Dans Écrit sur la neige (1977), entretiens qu'il a réalisés avec Maurice Chavardès, Bernard Clavel évoque son enfance à Lons-le-Saulnier, son amour pour la peinture, la naissance de son pacifisme. Et il donne cette définition du roman : « C'est une histoire qu'on raconte. C'est-à-dire une tranche de vie recréée et mise en forme. En un mot, c'est une œuvre d'art. » Définition somme toute traditionnelle, mais qui montre pourtant à quel point ses livres sont faits pour être lus à haute voix, contes de veillées, histoires de jours et de nuits... Le cinéma et surtout la télévision ont puisé dans son œuvre maints sujets de films.

— Jérôme GARCIN

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