HALPERN BERNARD (1904-1978)
Médecin français, Bernard Halpern a inauguré la thérapeutique rationnelle des maladies allergiques par la découverte du premier antihistaminique utilisable chez l'homme.
Né à Tarnos-Rude (Ukraine) dans une famille juive, déporté à l'âge de onze ans avec sa famille en Sibérie, libéré par la révolution de 1917, Halpern part bientôt pour la Pologne, où il fait un bref séjour, puis vient en France en 1925. Il obtient son baccalauréat à Nancy et s'inscrit à la faculté de médecine de Paris. Nommé externe des hôpitaux, il entre dans le laboratoire de biologie expérimentale du professeur Gautrelet où il s'initie à l'expérimentation pharmacologique dont il parvient à maîtriser rapidement les sujets et les techniques. Il est nommé chargé de conférences à l'École pratique des hautes études. Après la soutenance de sa thèse, couronnée par la médaille d'argent, il entre à la Société Rhône-Poulenc en tant que directeur des laboratoires de recherches pharmacodynamiques.
En collaboration étroite avec les chimistes, Bernard Halpern entreprend alors une série de travaux sur les antihistaminiques, après que D. Bovet et A. M. Staub eurent trouvé un produit doué d'un pouvoir antihistaminique mais trop toxique pour être employé en clinique. Sur son conseil, les chimistes synthétisent d'autres substances, aisément tolérées par l'organisme, dans lesquelles est introduite la structure chimique qui en fait l'antagoniste de l'histamine, facteur ultime des manifestations allergiques. Ces études ont abouti à la mise au point de l'antergan d'abord et, quelques années plus tard, à celle de la prométhazine (Phenergan), qui demeure aujourd'hui encore l'antihistaminique le plus puissant.
Les essais se poursuivent activement lorsque surviennent la guerre et la débâcle de 1940. Les laboratoires Rhône-Poulenc doivent se replier à Lyon. Après l'occupation de la zone libre par les Allemands, Halpern se réfugie en Suisse, arrêtant toute activité scientifique.
En 1945, répondant à l'appel du professeur Pasteur Vallery-Radot, il entreprend l'organisation d'un laboratoire de recherches sur l'anaphylaxie et l'allergie à l'hôpital Broussais. Il y poursuit ses travaux sur les antihistaminiques et, avec l'aide de nombreux chercheurs français et étrangers, approfondit le rôle physiopathologique de l'histamine.
De niveau international, les recherches de Bernard Halpern ont grandement contribué à individualiser l'allergie en décrivant, dans le détail, les processus biochimiques et fonctionnels qui provoquent les manifestations cliniques. En effet, médiateur normal de certaines régulations physiologiques, l'histamine est responsable de désordres pathologiques lorsqu'elle est brutalement libérée, notamment au cours de l'interaction antigène-anticorps sur la surface des cellules qui la produisent et qui la stockent. Halpern démonte le mécanisme de cette libération explosive de l'histamine et de son action sur la paroi des vaisseaux et des capillaires, qui est la cause immédiate des troubles allergiques.
Il se penche ensuite sur l'étude des mécanismes plus profonds de l'immunité. Certes, cette fonction permet aux êtres vivants de se protéger contre les invasions bactériennes et virales. Mais elle s'oppose également à la greffe qui sauverait des vies menacées par la déficience de tel ou tel organe. Halpern prépare un antisérum dirigé contre les cellules responsables de l'immunité, avec lequel il traite des chiens qui vivent plusieurs années avec un cœur greffé.
Il s'intéresse par la suite au problème de l'immunité antitumorale. Une équipe de son laboratoire, étudiant le système réticulo-endothélial qui comprend la fonction immunitaire, avait montré que le B.C.G. peut augmenter la résistance contre des tumeurs[...]
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Écrit par
- Panayotis LIACOPOULOS : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de l'Institut d'immunobiologie, hôpital Broussais
Classification
Autres références
-
HISTAMINE
- Écrit par Serge BONFILS et Bernard HALPERN
- 3 685 mots
- 4 médias
...voulait C. Code. Fait remarquable, cette action gastrosécrétagogue n'était pas inhibée par les premiers antihistaminiques connus, dérivés des travaux de B. Halpern. En 1966. A. S. F. Ash et H. O. Schild considèrent qu'il faut distinguer les récepteurs pharmacologiques intervenant dans les réponses à l'histamine...