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HUET BERNARD (1932-2001)

Né en 1932 à Quinhon, au Vietnam, Bernard Huet étudie l'architecture à l'École des beaux-arts de Paris, dont il est diplômé en 1962. Parallèlement, il suit les cours de construction de Jean Prouvé aux Arts et Métiers, mais sera surtout marqué par l'approche théorique et critique d'Ernesto Rogers au Politecnico de Milan. Après trois années passées dans l'agence de Michel Ecochard, il part en 1963 pour les États-Unis, suivre les cours de Louis Kahn et de Robert Le Ricolais à Philadelphie. Il complétera cette formation originale en voyageant, principalement en Extrême-Orient.

Révolté par l'enseignement sclérosé dispensé alors aux Beaux-Arts et par le manque de culture des architectes, Bernard Huet crée dès 1966 un „atelier collégial“, expérience qu'il prolongea avec la création, en 1969, de l'unité pédagogique no 8 (Paris-Belleville). Là, il présente la production architecturale comme l'un des éléments d'un système général, mettant en garde contre une déification de l'objet bâti et insistant sur la notion fondamentale d'espace architectural. Dans le même temps, il met en place un laboratoire de recherche, l'actuel I.P.R.A.U.S. (Institut parisien de recherche : architecture urbanistique et société). Ses convictions et sa culture marqueront ainsi plusieurs générations d'architectes et de chercheurs.

En 1974, Huet devient rédacteur en chef de la revue L'Architecture d'aujourd'hui, dont il renouvelle le contenu théorique, notamment par le biais d'éditoriaux très virulents. Au-delà de la critique d'un modernisme dominant depuis les années 1950, il contribue à la réévaluation d'un certain type d'architecture, soulignant par exemple l'intérêt du réalisme socialiste en Union soviétique. Il ouvre surtout la revue vers l'Italie, scène critique sans équivalent à l'époque. Son opposition à l'Ordre des architectes le conduit cependant à abandonner la direction de la revue en 1977.

Sans cesser pour autant d'écrire, Bernard Huet se consacre plus spécifiquement au projet architectural et urbain à partir des années 1980. Après avoir construit un ensemble de logements à Reims, il réalise plusieurs opérations d'aménagement à Paris. Celle des abords de la Rotonde de la Villette (1988), place de Stalingrad, marque un moment décisif dans le programme de requalification de l'est de la capitale. Huet redonne au chef-d'œuvre de Claude Nicolas Ledoux sa place centrale dans l'axe du bassin de la Villette, et l'encadre de deux terrasses plantées, qui évoquent l'enceinte des Fermiers généraux. Il réaménage par la suite l'avenue des Champs-Élysées (1994), dotée de trottoirs élargis et d'un nouveau mobilier urbain conçu par Jean-Michel Wilmotte, ainsi que la place des Fêtes à Belleville, dont la physionomie avait été profondément altérée par les rénovations des années 1970. Dans le quartier de Bercy, il clôt la place Lachambeaudie en construisant un immeuble de bureau à l'écriture discrète, puis remporte, en 1987, le concours pour l'aménagement d'un parc sur le site des anciens chais. Réalisé en association avec l'agence Ferrand-Feugas-Leroy et le paysagiste Ian Le Caisne, ce projet intitulé „Les jardins de la mémoire“ se caractérise avant tout par le respect des éléments existants (chais, chalets, voies ferrées) et du génie du lieu. Les architectes tentent de renouer avec l'esprit du jardin classique, tout en déclinant plusieurs thèmes au sein d'une division tripartite : „grande prairie“, „parterres“ et „jardin romantique“. Reconnu pour la qualité de ses interventions sur les espaces publics, Bernard Huet participe à plusieurs projets d'aménagement urbain, à Brest, à Albi ou encore à Trieste en Italie. À Amiens, il est confronté au problème épineux du parvis de la cathédrale, et prend le parti de masquer la „maison de verre“ construite[...]

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

Classification

Autres références

  • CRITIQUE ARCHITECTURALE

    • Écrit par et
    • 5 199 mots
    Les éditoriaux de Bernard Huet, rédacteur en chef entre 1974 et 1977, constituent alors les temps forts de L'Architecture d'aujourd'hui. La question de la modernité architecturale demeure centrale dans son programme critique proposé en 1974 : « [...] Il ne s'agit donc pas de lutter...