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KRUYSEN BERNARD (1933-2000)

Le baryton néerlandais Bernard Kruysen naît à Montreux, en Suisse, le 28 mars 1933. Membre d'une longue lignée d'artistes – petit-fils et fils de peintres, père d'un sculpteur –, il passe la plus grande partie de son enfance en Provence. Il conservera sa vie durant une connaissance intime de la langue française, dont il avait pénétré toutes les subtilités et qu'il parlait et chantait sans la plus infime trace d'accent.

Il fait ses études au Conservatoire royal de La Haye, où il travaille le chant avec Herbert Raideck. Très rapidement l'Opéra royal d'Amsterdam le distingue et l'engage. Il n'hésite cependant pas à quitter l'illustre scène pour venir travailler à Paris avec le baryton français Pierre Bernac. Quand ce dernier prend sa retraite, au début des années 1960, Bernard Kruysen est unanimement considéré comme son héritier naturel pour l'interprétation de la mélodie française, notamment par Francis Poulenc, qui tient à l'accompagner lui-même au piano en de multiples occasions. Le chanteur néerlandais obtient sa première récompense en 1958 au Concours international de chant de Bois-le-Duc. Dès 1961, le grand prix du disque français couronne un album consacré aux mélodies de Debussy qu'il signe avec le pianiste Jean-Charles Richard.

Bernard Kruysen a construit sa réputation sur ses prestations en oratorio – il est considéré aux Pays-Bas comme un grand spécialiste du rôle du Christ dans les Passions de Jean-Sébastien Bach – et sur la qualité rare de ses récitals de lieder. Son répertoire, extrêmement vaste, couvre tout à la fois Monteverdi, Schubert, Schumann et Moussorgski. Mais c'est dans la mélodie française qu'il obtient, en compagnie de son partenaire habituel, le pianiste américain Noël Lee, ses plus beaux titres de gloire. En témoigne une discographie où il triomphe dans Massenet, Fauré, Debussy, Ravel et, par-dessus tout, dans une légendaire intégrale des mélodies de Duparc enregistrée en 1971. L'art de Bernard Kruysen peut se définir en quelques mots : intelligence, maîtrise, simplicité. La voix a certes perdu, avec le temps, un peu de son éclat et de sa pureté. Mais la précision de sa diction, la pudeur de son expression et la souplesse de sa ligne de chant resteront pour longtemps, dans ce répertoire exigeant et secret, un modèle absolu. Bernard Kruysen aimait la mer tout autant que la musique. Par trois fois il avait remporté le championnat du monde d'exploration et de chasse sous-marine. Il réalisait lui-même des films subaquatiques. Il meurt à Ryswyk (Pays-Bas) le 30 octobre 2000.

— Pierre BRETON

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