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PAGÈS BERNARD (1940- )

Venu à Paris étudier la peinture, Bernard Pagès découvre en 1960 l'atelier Brancusi. Cette rencontre essentielle se concrétise quelques années plus tard lorsqu'il choisit de se consacrer uniquement à la sculpture, sensible au « plaisir du travail physique et [à] la notion du temps » qu'elle lui apporte. L'exposition des Nouveaux Réalistes qu'il voit à Nice en 1967 lui donne l'« autorisation d'abandonner une vision conventionnelle de la sculpture » et marque le véritable point de départ de son œuvre. Une petite sculpture non figurative faite de branches et de bouteilles témoigne de la rupture. Encore posée sur un socle, elle est déjà représentative des travaux ultérieurs où, par la juxtaposition des éléments naturels et fabriqués, Pagès met en relation des volumes et des matières qui jouent aussi bien sur les couleurs et les textures que sur des concordances ou des contradictions. Le choix des matériaux et des outils est propre à son histoire, à son origine rurale dans la campagne du Quercy où il est né. De 1968 à 1970, avec Viallat et les artistes qui formeront le groupe Support/Surface, il expose des « arrangements » dans la rue ou dans la campagne (Abri de jardin, 1970). Il cesse d'exposer en 1970 et, « pour y voir clair », il élabore des séries de nomenclatures des techniques d'assemblages, où parfois la maçonnerie prend une importance particulière : Assemblages, exposé d'abord au musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne en 1974, puis à la galerie Éric Fabre à Paris, et enfin à la neuvième biennale de Paris, en 1975. « La sculpture est d'abord pour Pagès un agencement de techniques, une réserve d'inventions qui se donne à voir », écrit Xavier Girard dans le catalogue de l'exposition, organisée à la Galerie d'art contemporain des musées de Nice, en 1981. Dans la série des Colonnes commencée en 1980, Pagès continue d'explorer « tous les possibles de la sculpture » (D. Abadie, Repères, no 35, Lelong éd., 1987) : réversibilité socle-chapiteau, déplacement du centre de gravité, éclatement de la verticalité, introduction du « dessin » dans l'espace (fers à béton, branches...), « jusqu'à s'autoriser désormais le faux-semblant de la peinture », utilisant la couleur pour accentuer ou unifier les différences, transformer la nature même des éléments (souches peintes de La Treille rouge, galerie Lelong, Paris, 1986-1987). Parmi ses sculptures monumentales, mentionnons L'Hommage à Gaston Bachelard (Hailly, 1986), La Déliée (Caracas, 1988) et Fontaine parfumée (Èze, 1991). Ses œuvres réalisées entre 1985 et 1991 ont été présentées au Herzliya Museum of Art (Israël) en 1992. En 2007, le musée d'Art moderne et d'Art contemporain de Nice a présenté une vingtaine de sculptures monumentales de Pagès, créées spécialement pour les espaces d'exposition du musée.

— Servane ZANOTTI

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