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TSCHUMI BERNARD (1944- )

Fils de l'architecte suisse Jean Tschumi (1904-1962), qui avait été formé à l'école des Beaux-Arts de Paris, Bernard Tschumi est né à Lausanne en 1944. Son enfance se déroule à Paris, il étudie à Lausanne puis à l'E.T.H., école polytechnique de Zurich, dont il est diplômé en 1969. De 1970 à 1980, il enseigne à l'Architectural Association de Londres, l'un des lieux où se constituait alors l'avant-garde européenne de ces années-là. Il s'installe enfin à New York ; depuis 1988, il est doyen de l'école d'architecture de l'université Columbia.

Bernard Tschumi a reçu en France le grand prix de l'architecture 1996, alors que se construisaient le Studio national des arts contemporains du Fresnoy, à Tourcoing, et l'école d'architecture de Marne-la-Vallée. Il est une figure caractéristique de cette famille de praticiens pour lesquels le concept (au sens de l'art conceptuel) prime toute autre dimension du parti architectural. La théorie est pour lui essentielle, plus que l'esthétique, plus que l'espace, plus que l'objet construit, sa logique structurelle ou son expression formelle.

Les Manhattan Transcripts sont des travaux graphiques qu'il avait présentés dans différentes galeries d'art à Londres et à New York puis réunis en ouvrage en 1981. Inspirés du montage cinématographique (et notamment d'Eisenstein), ils proposaient des bandes parallèles organisées en séquences ; l'une présentait une succession de photographies d'un événement (parfois décomposé à la manière de la chronophotographie d'Étienne Jules Marey), la seconde une évocation d'architectures stylisées, confuse imbrication d'espaces, une troisième enfin la notation quasi chorégraphique d'un mouvement. Dans le texte qui accompagnait les planches apparaissaient déjà les notions de « disjonction » et de « déconstruction » de la réalité, thèmes principaux de son travail ultérieur. Il s'agissait de suggérer les relations inattendues qui peuvent exister entre un événement (un meurtre par exemple), l'espace et le déplacement des corps. L'association de ces trois niveaux crée, selon Tschumi, l'expérience architecturale.

Parallèlement, il réalise ce qu'il nommait ses « folies », cinq installations temporaires que l'architecte considérait comme des « laboratoires ».

Parus dans Studio International, Architectural Design, Oppositions, Artforum ou Perspecta à partir du milieu des années 1970, ses articles sont systématiques et très argumentés, pour la plupart réunis dans Architecture and Disjunction en 1994. Ils se situent volontairement en dehors du champ traditionnel de l'architecture et des recherches historiques, urbaines et typologiques qui se développaient alors, annonciatrices du postmodernisme. Ils se réclament du futurisme et du constructivisme soviétiques des années 1920, de Bataille (l'éros, la mort et la transgression), des théories de la linguistique et du structuralisme (Lacan, Barthes, Foucault), de l'exploration du langage et de sa distorsion telles que Joyce les avait expérimentées dans Finnegan's Wake, enfin des thèses sur la « déconstruction » du philosophe Jacques Derrida (qui devint le penseur de référence du mouvement déconstructiviste américain).

Ces textes explorent les relations entre forme et usage, considérées non pas sous l'angle positif, humaniste et idéaliste du modernisme, ni selon une approche de type fonctionnaliste, mais dans une démarche plus abstraite, de nature structuraliste, qui voulait porter l'architecture à ses limites, en l'éloignant de ses critères habituels. Il s'agissait de considérer cette discipline moins dans sa matérialité constructive que dans ses séquences spatiales. De ne pas y plaquer de signification au sens narratif ou symbolique. D'y valoriser le mouvement,[...]

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Écrit par

  • : critique d'architecture
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Classification

Autres références

  • ENSEIGNEMENT DE L'ART

    • Écrit par
    • 16 115 mots
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