VILLEMOT BERNARD (1911-1989)
Bernard Villemot est né le 20 septembre 1911 à Hennequeville, près de Trouville. Son père, Jean, caricaturiste, décorateur, architecte d'intérieur, avait travaillé pour L'Assiette au beurre, Le Rire, Fantasio et Le Témoin de Paul Iribe.
Bernard Villemot montre très rapidement des dons pour le dessin. Alors qu'il est encore élève à Janson-de-Sailly, ses dessins sont exposés au Salon des humoristes (1927-1929). Au sortir du lycée, il s'inscrit à l'académie Jullian, puis, en 1932, devient l'élève de Paul Colin. De l'enseignement de ce dernier, il retiendra surtout ce conseil : « Il faut traiter une affiche comme un tableau. » Il réalise sa première affiche pour le film de Victor Trivas, Dans les rues (1933). En 1934, il fonde l'Atelier avec plusieurs de ses condisciples de l'école Paul-Colin. À défaut d'être d'une grande originalité, certaines des affiches qu'il réalise alors resteront des témoignages sur des événements cinématographiques d'importance : La Vie privée d'Henry VIII d'Alexander Korda (1933) et La Kermesse héroïque de Jacques Feyder (1935).
En 1939, il est mobilisé dans le même régiment que Jean Effel avec qui il noue une amitié durable. Tous deux concourent pour illustrer le slogan : « Taisez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent. » L'un et l'autre remportent le premier prix ex aequo.
De retour à la vie civile, Villemot reçoit commande de la décoration des vitrines du Commissariat des sports que dirige Jean Borotra (1940). Commence alors pour lui une collaboration avec les organismes officiels du nouveau régime : de 1941 à 1944, il exécute des affiches pour les centres de jeunesse. De ces œuvres, on retiendra surtout Le Serment de l'athlète (1943), Les Championnats de natation (de 1942 à 1944). On lui doit également un triptyque : Travail, Famille, Patrie (1943). Commentant cette activité sous l'Occupation, son biographe Jean-François Bazin écrit : « Il s'estime politiquement francais comme 99 p. 100 des Francais [...] de quarante à quarante-cinq, passant de sincérité en sincérité, d'enthousiasme en enthousiasme. Ni plus ni moins. » En effet, dès 1945, il réalise l'affiche sur le retour des prisonniers – Êtes-vous prêts à les accueillir ? – pour laquelle il reçoit le prix de l'Académie de l'affiche.
L'année suivante, il est l'auteur de l'affiche des Forces françaises libres, de celle de la Semaine nationale de l'enfance victime de la guerre et du nazisme et du bandeau du journal Combat issu de la Résistance.
Puis vient une période difficile pendant laquelle Raymond Savignac, à court de commande lui aussi, se joint à L'Atelier. Villemot suggère à son ami et collaborateur d'organiser une exposition de leurs œuvres refusées. Leurs maquettes font un triomphe. Cette manifestation marque l'irruption de l'humour dans la publicité française.
À partir de 1953, Villemot devient l'affichiste préféré d'Orangina (17 affiches au total), un an plus tard Perrier fait appel à ses services (10 affiches). Sa collaboration avec Bally (7 affiches) commencera en 1967.
Pour chacune de ces marques, Villemot a su créer un thème et une constante stylistique reconnaissables et appréciés du plus grand nombre : Orangina sera, à chaque grande opération publicitaire, relancée par le zeste d'orange découpé en forme de spirale, la fameuse petite bouteille de Perrier sera multipliée jusqu'à l'extravagance, quant à Bally, le galbe de la jambe féminine conférera à la chaussure une valeur sensuelle inégalée.
En 1987, une exposition organisée à 1'Espace Cardin sous le titre Orangina rend hommage à Villemot a permis de suivre les variations que ce dernier fait subir à un thème unique et de mesurer du même coup l'efficacité que peut engendrer[...]
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Écrit par
- Marc THIVOLET : écrivain
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