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SCHLINK BERNHARD (1944- )

Bernhard Schlink - crédits : Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

Bernhard Schlink

Bien qu’il soit arrivé assez tard en littérature, Bernhard Schlink est sans aucun doute l’auteur contemporain de langue allemande qui connaît le plus de succès au niveau international. Les livres de ce juriste de formation et de profession, écrits dans un style précis et sans prétention novatrice, se penchent sur la différence qui existe entre la justice et le droit, l’équité et le juridictionnel, sans pour autant négliger cette part romanesque qui a incité des cinéastes à porter certaines de ses œuvres à l’écran.

Un écrivain juriste

Bernhard Schlink est né le 6 juillet 1944, à Grossdornberg près de Bielefeld, d’une mère suisse et d’un père allemand, professeur de théologie protestante. En 1945, la famille s’installe à Heidelberg, où Bernhard Schlink passe toute son enfance, avec ses trois frères et sœurs. Après son baccalauréat, il entame d’abord à Heidelberg puis à Berlin des études de droit qu’il termine en 1972. Après avoir enseigné le droit à Bonn puis à Francfort, il occupe de 1992 jusqu’à sa retraite en 2009 une chaire de droit public à l’université Humboldt de Berlin. Après la chute du Mur, il a fait partie de la commission chargée d’élaborer une constitution de transition pour l’ancienne RDA.

À côté de sa carrière de juriste, il poursuit une carrière d’écrivain depuis la fin des années 1980. Il est déjà connu comme auteur de plusieurs livres de droit qui font référence lorsqu’il décide de se lancer dans la fiction. Profitant d’une invitation de trois mois de l’université d’Aix-en-Provence, il écrit en 1987, en collaboration avec son ami Walter Popp, un roman policierSelbsJustiz (Brouillard sur Mannheim)dont le titre ne fait pas mystère de ses centres d’intérêt. Le récit met en scène un détective privé, Gerhard Selb, qui se trouve confronté à son passé de procureur sous le Troisième Reich. Ce premier roman fait partie d’une trilogie composée de SelbsBetrug (Un hiver à Mannheim, 1992) et de Selbs Mord (La Fin de Selb, 2001) ; chaque titre joue sur le nom du héros, Selb, qui signifie « soi-même » (le « s » des titres étant simplement la marque d’un génitif), le dernier opus évoquant donc le « meurtre de soi-même », c’est-à-dire le suicide. Le roman Le Nœud gordien (Die gordischeSchleife, 1988), qui s’intercale dans cette trilogie, a obtenu en 1989 le prix Friedrich-Glauser qui récompense le meilleur roman policier de l’année.

C’est en 1995 que paraît Der Vorleser (Le Liseur) qui va propulser Schlink sur le devant de la scène littéraire internationale, alors que le livre avait d’abord été tièdement accueilli par la critique allemande. Traduit en plus de cinquante langues, il a été porté à l’écran en 2008 par Stephen Daldry. Michael, adolescent à la santé fragile, est pris un jour d’un malaise dans la rue. Une femme, Hanna, vient à son secours. Ils deviennent amants en dépit de la différence d’âge et des réactions parfois insolites de cette femme. Peu à peu, un étrange rituel s’installe : avant chaque étreinte, Michael doit faire à Hanna la lecture de grandes œuvres de la littérature. Jusqu’à ce qu’Hanna disparaisse sans laisser de trace. Michael la retrouve des années plus tard, lors d’un procès où comparaissent des bourreaux d’Auschwitz, et il comprend la nature du secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée : Hanna est analphabète. Après plusieurs années de prison où elle a appris à lire et à écrire, Hanna se pend la veille de sa remise en liberté. Le récit met parfaitement en lumière les deux axes de réflexion qui obsèdent Schlink : le problème de la justice et celui du passé qui ne passe pas.

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