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BÉROALDE DE VERVILLE FRANÇOIS BROUARD dit (1556-env. 1629)

Connu surtout comme l'auteur présumé d'un livre qui a obtenu un succès durable, le Moyen de parvenir, Béroalde de Verville a par ailleurs publié des ouvrages nombreux et variés, injustement méprisés. Il est successivement « un étudiant humaniste ; un poète famélique en quête de mécène » ; puis, après avoir abjuré le protestantisme, « un soldat poète dans le goût de [...] d'Aubigné ; un chanoine curieux et facétieux dans la tradition des gens d'Église satiriques... » (V.-L. Saulnier) ; il est aussi médecin, se passionne pour la science et s'intéresse à l'alchimie. Son œuvre comprend des recueils de poésie, poésie galante quasi précieuse (Les Soupirs amoureux, 1583) et grande poésie, de très haute tenue, philosophique et religieuse (Les Cognoissances nécessaires et La Muse coeleste, 1583) ou politique (L'Idée de la république, 1583). On y trouve aussi des traités de sagesse et d'honnêteté : Dialogue de l'honneste amour, Dialogue de la bonne grâce (1583), Dialogue de la vertu (1584), De la sagesse, livre premier. Auquel il est traicté [déjà !] du moyen de parvenir au parfaict estat de bien vivre (1593). Béroalde a écrit des romans où alternent des parties narratives en prose et des parties lyriques en vers et dans lesquelles se manifeste un goût remarquable pour l'analyse psychologique : Les Aventures de Floride (1593-1596), La Pucelle d'Orléans (1599), L'Histoire véritable ou le Voyage des princes fortunez (1610). Il a enfin créé des mélanges curieux qui allient le sérieux de la réflexion savante et l'agrément du dilettantisme : Le Cabinet de Minerve (1596) et Le Palais des curieux (1612). Le chef-d'œuvre de Béroalde, dont aucun argument solide n'autorise à lui renier la paternité, demeure Le Moyen de parvenir. Œuvre contenant la raison de tout ce qui a esté, est, et sera... (1610 ?). Il s'agit d'« une longue suite d'anecdotes souvent gauloises, débitées sans souci d'enchaînement logique, et souvent en coq-à-l'âne, par un certain nombre de compères réunis en un banquet » (Saulnier). On y dénombre plus de quatre cents personnages, légendaires ou historiques, anciens ou contemporains (dont les propos n'ont le plus souvent rien à voir avec leur nom), et plus de cent chapitres (dont les titres étranges n'ont aucun rapport avec leur contenu). Énorme pot-pourri, Le Moyen de parvenir, « unique bréviaire des résolutions universelles et particulières », mêle propos savants et plaisanteries scatologiques, histoires grivoises, charges satiriques contre les moines ou les gens de justice et parodies des discours philosophiques et alchimiques : par sa saine verdeur, par sa verve joyeuse, par son talent de conteur, Béroalde, dans ce livre où l'on a pu voir « l'exutoire d'une personnalité gaillarde », perpétue avec bonheur la tradition rabelaisienne.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Autres références

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIe s.

    • Écrit par
    • 6 760 mots
    • 3 médias
    ...Fail, Nicolas de Cholières et Bénigne Poissenot, un des phénomènes les plus constants du xvie siècle littéraire. Dans Le Moyen de parvenir de Béroalde de Verville (1616), parodie gauloise du Banquet de Platon, le principe de fragmentation atteint son degré extrême : les matériaux les plus hétéroclites...