SUTTNER BERTHE VON (1843-1914)

La romancière autrichienne Berthe von Suttner fut l'une des premières grandes pacifistes. Elle aurait incité Alfred Nobel à créer le prix Nobel de la paix, qu'elle recevra en 1905. Son principal roman, Die Waffen nieder ! (1889, Bas les armes !), a souvent été comparé, par sa popularité et son influence, à l'ouvrage d'Harriet Beecher Stowe, Uncle Tom's Cabin (La Case de l'oncle Tom).

Fille d'un maréchal autrichien tombé dans la pauvreté, Berthe Félicie Sophie, comtesse Kinsky von Wchinitz und Tettau, naît le 9 juin 1843 à Prague, en Bohême. Placée comme gouvernante chez les Suttner à partir de 1873, elle se fiance au baron Arthur Gundaccar de Suttner (1850-1902), ingénieur et romancier, de sept ans son cadet. L'opposition de l'opulente famille Suttner au mariage contraint la jeune femme à répondre, en 1876, à l'annonce d'Alfred Nobel, en quête d'une secrétaire et gouvernante pour sa résidence parisienne. Une semaine seulement après avoir été engagée, elle rentre à Vienne pour épouser en secret le baron Suttner.

La jeune femme ne reverra Alfred Nobel qu'à deux reprises après cette date, mais correspondra avec le physicien jusqu'à sa mort, en 1896. Leur dernière rencontre, en août 1892, à Zurich, aura lieu après un congrès sur la paix auquel elle avait participé à Berne. L'implication grandissante de Berthe Suttner dans le mouvement pacifiste – elle avait fondé en 1891 une organisation pacifiste en Autriche – et la correspondance qu'elle échange sur le sujet avec Nobel auraient encouragé ce dernier à ajouter un prix pour la paix à la liste initialement prévue dans son testament.

De 1892 à 1899, elle est rédactrice en chef de la revue pacifiste internationale Die Waffen nieder !, baptisée d'après son célèbre roman. Son engagement politique repose sur un raisonnement scientifique et une réflexion personnelle, construits à partir de la pensée de H. T. Buckle, de Herbert Spencer et de Charles Darwin. Elle s'éteint le 21 juin 1914 à Vienne, sans voir ruinés tous ses espoirs de paix.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS