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MAHN BERTHOLD (1881-1975)

Le peintre, dessinateur et graveur français, Charles Berthold Mahn est né à Paris. Fils d'un artisan silésien, il travaille en usine tout en suivant le soir les cours de dessin d'Edmond Valton à l'école Germain-Pilon. À vingt ans, il décide de se consacrer à l'art et travaille pour la décoration de théâtre avec Jean-Marie Valton, fils de son professeur.

Pendant son service militaire à Amiens, il s'initie à la lithographie et fait la connaissance d'Albert Gleizes. Par lui, il va rencontrer de jeunes écrivains : Charles Vildrac, Georges Duhamel, René Arcos, et participer avec eux à la fondation du groupe de l'Abbaye de Créteil en 1906. Il se marie et ouvre un atelier de dessin industriel, tout en suivant les cours de l'École des beaux-arts.

Pendant la Première Guerre mondiale, il est brancardier en première ligne, puis entre au service du camouflage où il rencontre Dunoyer de Segonzac. La paix revenue, il expose, avec le groupe La Jeune Peinture française, aux Indépendants, au Salon d'automne, à la galerie Blot, à la galerie Giroux à Bruxelles. Artiste discret, il poursuit parallèlement une carrière de peintre, de graveur et de dessinateur. Il termine sa vie aux Lorris dans l'Yonne. Il a laissé des Mémoires inédits, Souvenirs d'un peintre.

L'œuvre de Berthold Mahn s'inscrit entièrement dans le respect d'une tradition classique. Artiste sincère, il travaille en toute indépendance, sans se soucier des modes, respectueux du sujet sans cependant en être esclave. Ses toiles sont pour la plupart dispersées dans des collections privées : portraits (en particulier celui de son ami Duhamel), natures mortes et surtout paysages. Sa peinture est construite sur les rapports de la lumière et de la couleur, selon une certaine conception cézannienne, modelée dans la pâte et fondée sur un dessin rigoureux. Il a particulièrement aimé peindre les vieux quartiers de Paris et les arbres. Mais il est avant tout dessinateur. Il a choisi de s'exprimer graphiquement, tout en reconnaissant la difficulté d'un procédé exigeant. Ses aquarelles, ses dessins à la mine de plomb et à la plume témoignent de son don d'analyse et d'observation. Ces qualités apparaissent surtout dans ses portraits, où à une saisissante ressemblance du modèle s'ajoute l'expression de sa vie profonde. L'ensemble de ses portraits d'écrivains constitue une galerie vivante de la littérature de son époque. Il pratique aussi les différentes techniques de la gravure : bois (portrait de Luc Durtain), taille-douce (ceux de Vildrac et de Maurois), lithographie (ceux de Jean-Richard Bloch, d'Henri Barbusse, d'Émile Henriot, de Bergson, de Divoire). Il faut mentionner en particulier l'ensemble de dessins faits pendant les répétitions de la troupe de Jacques Copeau. Une partie en a été publiée, avec un texte de Jules Romains, par Claude Aveline en 1926 : Souvenirs du Vieux-Colombier.

Au commencement de sa carrière, il fournit des dessins à la presse et à la publicité, puis en 1922, il fait ses débuts d'illustrateur et se consacre presque exclusivement à la littérature contemporaine. Soumis à l'esprit du texte et à la psychologie des personnages, il cherche beaucoup plus à suggérer qu'à illustrer. Il a particulièrement bien rendu l'atmosphère grisâtre des ouvrages de Duhamel : Deux Hommes et Confession de minuit (1926). Ses illustrations sont soit des reproductions de ses dessins (...et Cie de J R Bloch, 1930 ; Œuvres de Verlaine, 1931-1932 ; Le Grand Meaulnes, 1938) soit des gravures sur bois (Lettres d'Auspasie de Duhamel, 1922) soit des eaux-fortes (Supplément à Mélanges et pastiches de Marcel Proust de Maurois, 1929) ou des lithographies (Locomotives de J R. Bloch, 1924 ; Journal de Salavin de Duhamel, 1930 ; Le Feu de Barbusse, 1930).

Une partie de[...]

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