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DU GUESCLIN BERTRAND (1320 env.-1380)

Noble breton, issu d'une famille moins modeste que la tradition ne l'affirme. Son père, Robert, possédait plusieurs seigneuries qu'hérita Bertrand. À partir de 1342, il prit part aux combats de la guerre de succession de Bretagne, le plus souvent pour son propre compte. Passé en 1357 au service de Charles V, il s'illustra contre les Anglais en Bretagne (il fut capitaine de Pontorson en 1357), puis en Normandie et en Maine. Il dirigea en 1364 la campagne contre les Navarrais qu'il vainquit à Cocherel. Il fut, peu après, vaincu à son tour par Chandos, chef de l'armée anglaise.

Charles V le chargea de diriger l'expédition française en Castille, destinée à soutenir la cause de Henri de Trastamare, mais aussi à éloigner de France les Grandes Compagnies les plus dangereuses. Du Guesclin fut vaincu par l'armée anglo-castillane que commandaient le roi Pierre le Cruel et le prince de Galles (Najera, 1367). Il dirigea également la seconde expédition française, en 1369, puis revint prendre part aux campagnes de Bretagne et d'Anjou, de Poitou, d'Angoumois et de Guyenne (1370-1374). Son succès le plus brillant fut la prise de La Réole.

Bien qu'il ait connu des échecs, sa réputation fut rapidement très grande. Il fut rançonné à deux reprises : en 1360 par les routiers et en 1367 par les Anglo-Castillans ; malgré son orgueilleuse réponse et la fixation par lui-même du taux élevé de sa rançon, il paya celle-ci de ses propres deniers, vendant pour cela les terres que lui avait données le roi de Castille, Henri de Trastamare. Mais ses talents d'organisateur, notamment déployés dans la mise en état de guerre des forteresses normandes, et ses capacités de commandement au combat firent de lui l'un des meilleurs soldats de la royauté des Valois ; rompant avec les règles de la guerre féodale, il pratiqua contre les Anglais une tactique de harcèlement, une sorte de guérilla qui renversa la situation militaire en faveur de la France. Charles V le fit connétable en 1370, après lui avoir donné le comté de Longueville. Henri de Trastamare lui fit don du duché de Trastamare, remplacé peu après par celui de Molina.

Du Guesclin participa à la campagne de Bretagne en 1378 et, à la suite d'une maladresse de Charles V oubliant que son connétable était breton, composa un temps avec le duc Jean IV et les Anglais. Le roi se réconcilia cependant avec son connétable et l'envoya en Languedoc pour y diriger la lutte contre les Grandes Compagnies. C'est au cours de cette campagne, sous les murs de Châteauneuf-de-Randon, que mourut Du Guesclin. Sa tombe avait été préparée à Saint-Denis, près de celle de Charles V.

Bertrand du Guesclin demeure, avec Jeanne d'Arc, une figure légendaire de la lutte contre l'envahisseur anglais et un symbole du sentiment national naissant.

— Jean FAVIER

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  • : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France

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