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RUSSELL BERTRAND lord (1872-1970)

La logique de Russell

La logicisation de l'arithmétique

Le projet de Russell commence par un effort de logicisation de l'arithmétique, qui sera suivi par l'élaboration du calcul des propositions, du calcul des classes et du calcul des relations.

La définition du nombreest obtenue au moyen du concept de classes semblables. Une classe est constituée par le ou les membres qui lui appartiennent (x ∈ α). C'est par la relation d'appariement entre membres de classes que s'opère la définition du nombre, en sorte que dire d'une chose qu'elle a « même nombre » qu'une autre équivaut à dire qu'elles ont une relation de « similarité ». Cela n'est circulaire qu'en apparence ; car c'est, en dernière analyse, la relation terme à terme (biunivoque et réciproque) qui fonde la ressemblance de classes. Ainsi, le nombre 3 est une classe de classes de trios, puisque tous les termes de celles-ci peuvent être appariés terme à terme. Sans être naturelle, puisqu'on va jusqu'à dire que les nombres entiers positifs forment une suite naturelle, cette théorie a l'avantage d'être logiquement la plus parcimonieuse : entia non multiplicanda. Elle n'exige que la réflexivité, la symétrie et la transitivité de la relation entre membres constitutifs des classes appariées. Le nombre cardinal ainsi récupéré du point de vue logique, restent l' ordinal et le zéro.

L'axiome d'infinité exige qu'il y ait toujours des nombres au-delà de tout nombre n fini assignable. Il y a un nombre infini d'objets. Cela peut se démontrer logiquement. L'ordinal étant intégré par la même procédure (cantor-dedekindienne) que le cardinal, Russell, disposé à admettre des classes vides, peut de même réduire le zéro à la classe des classes vides, c'est-à-dire la classe de celles qui ne comprennent aucun membre.

En dépit des controverses suscitées par la théorie russellienne, celle-ci a eu en son temps le mérite de tenter une logicisation complète de l'arithmétique.

Les « Principia » et le calcul des propositions

Avant la parution des Principia, la problématique philosophique de la logique s'exprimait généralement en termes qualitatifs de jugements et d'inférences. De plus, les néo-hégéliens britanniques avaient privilégié une dialectique au moyen de laquelle ils prétendaient que toute prise de position conceptuelle, étant partielle et partiale, devait renvoyer automatiquement à une totalité englobante absolue. Cette dialectique moniste devait nécessairement conduire, selon ces auteurs (F. H. Bradley, J. M. E. McTaggart), à l'universel concret, immanent à toute prise de position. S'articulant sur le modèle sujet-prédicat, elle exploitait sur se schème général l'instauration ternaire du sujet absolu, de l'esprit absolu, seule réalité cosmique éternelle, au-delà des apparences spatiales et temporelles. Moore et Russell ont rejeté ces présupposés métaphysiques.

La logique des Principia renouvelle le formalisme en privilégiant la forme par rapport au contenu et en créant un symbolisme logique cohérent permettant d'en exprimer les structures. Elle est une théorie de l' implication, distincte de l' inférence, du jugement et du concept. Cette implication privilégiée est déterminante. Elle constitue le fondement de ces derniers. Il convient de partir du rapport entre propositions et non de l'inférence, laquelle est dérivée de celui-ci. Toute la mathématique n'est en définitive, dans sa partie déductive, qu'un vaste ouvrage d'implications, plus exactement d'implications entre fonctions de propositions.

Les Principia utilisent cependant deux implications distinctes : l'implication matérielle et l'implication formelle.

Implication matérielle

S'agissant d'un rapport entre propositions[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie royale de Belgique, professeur aux universités de Liège et de Bruxelles, président du Centre national de recherche de logique

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Bertrand Russell - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Getty Images

Bertrand Russell

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