BÉTON
Durabilité
La durabilité des structures en béton est maintenant devenue un point important, y compris dans l'approche normative des ouvrages, ne serait-ce que parce que les réparations ont un coût non négligeable. Ainsi, les Eurocodes (règles européennes de construction) définissent la notion de durée d'utilisation de projet, durée pour laquelle la structure doit être dimensionnée de sorte que sa détérioration n'abaisse pas ses performances au-dessous de celles qui sont escomptées, compte tenu de l'environnement et du niveau de maintenance prévu. Il y a beaucoup de facteurs à considérer pour ce dimensionnement, parmi lesquels la composition, les propriétés et les performances des matériaux, ainsi que la qualité de la mise en œuvre et le niveau de contrôle.
La norme EN 206 (« Béton : spécifications, performances, production et conformité ») définit des classes d'environnement auxquelles le béton sera soumis :
– X0 : aucun risque, correspond à du béton coulé à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité de l'air ambiant est très faible ;
– XC1 à XC4 : corrosion induite par carbonatation, le risque croissant de 1 à 4 ;
– XD1 à XD3 : corrosion induite par des chlorures autres que marins ;
– XS1 à XS3 : corrosion induite par des chlorures provenant de l'eau de mer ;
– XF1 à XF4 : gel et dégel, avec ou sans sels de déverglaçage ;
– XA1 à XA3 : attaques chimiques.
En fonction de l'environnement de l'ouvrage et des risques d'agression auxquels il va être exposé pendant sa durée de service, on optimise ensuite les performances du béton, sa durabilité et l'enrobage des armatures (l'enrobage est l'épaisseur de béton qui protège les armatures métalliques les plus proches de la surface).
Les problèmes de durabilité qui peuvent survenir dans des structures en béton sont :
– La corrosion des armatures. Le pH très élevé de la solution interstitielle dans le béton protège les armatures métalliques. Toutefois, cette protection peut disparaître si le pH diminue. Dans ce cas, la corrosion démarre et, à terme, se traduit par de la fissuration et des éclatements de béton de parement. La carbonatation, réaction du CO2 provenant de l'air avec la portlandite, fait baisser le pH. La cinétique de ce phénomène est pilotée par la diffusion du gaz CO2 dans la porosité du béton. La qualité du béton d'enrobage (faible porosité) et un enrobage suffisant doivent permettre d'éviter ce problème. La carbonatation et la corrosion sont des phénomènes très lents à apparaître et qui risquent d'être la source de nombreuses dégradations du patrimoine bâti au xxe siècle, à une époque où la question de la durabilité n'était pas considérée comme aussi centrale. La pénétration de chlorures dans le béton peut également induire de la corrosion. Ces chlorures peuvent venir de l'eau de mer ou bien des sels de déverglaçage. La solution est, ici aussi, une bonne qualité du béton et un enrobage suffisant. Enfin, il existe des armatures inox qui résistent mieux à la corrosion et permettent donc également d'améliorer la durabilité des structures.
– Le gel et le dégel. Lorsque la température devient négative, l'eau interstitielle du béton gèle, ce qui déclenche des mouvements d'eau dans la microstructure du béton. Ces mouvements, survenant dans un matériau peu perméable, peuvent être à l'origine de dommages : fissurations, gonflements, puis éclatements du béton. La présence de sels de déverglaçage conduit de plus à un écaillage de surface du béton. L'utilisation d'agents entraîneurs d'air et l'amélioration de la qualité du béton (par un E/C plus bas) permettent d'éviter ces désordres.
– Le comportement à haute température et au feu. Lorsque le béton[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Michel TORRENTI : directeur de la fondation École française du béton
Classification
Média
Autres références
-
BÉTON PRÉCONTRAINT
- Écrit par Michel COTTE
- 191 mots
Eugène Freyssinet (1879-1962), ingénieur français célèbre pour ses constructions de grands ouvrages en béton et en béton armé – pour lesquels il détient plusieurs records –, s'efforce d'améliorer les performances de ce matériau qui est déjà très résistant aux compressions. Il apporte alors...
-
ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Construire aujourd'hui
- Écrit par Antoine PICON
- 6 531 mots
- 3 médias
...ont beaucoup évolué, les matériaux se sont transformés encore plus profondément au cours des dernières décennies. On utilise par exemple aujourd'hui des bétons aux caractéristiques très diverses obtenues par l'ajout de produits qui vont des superplastifiants aux fibres métalliques, minérales ou organiques,... -
BARRAGES
- Écrit par Claude BESSIÈRE et Pierre LONDE
- 15 835 mots
- 17 médias
Cesouvrages qui, dans le passé, étaient construits en maçonnerie sont le plus souvent, à l'heure actuelle, construits en béton. Les outillages mécaniques qui se sont peu à peu développés depuis le début du xxe siècle permettent de mettre en œuvre, dans des délais réduits, des volumes... -
CHIMIE - La chimie aujourd'hui
- Écrit par Pierre LASZLO
- 10 856 mots
- 3 médias
-
CIMENT
- Écrit par Bernard DARBOIS et Walter ROTHLAUF
- 5 152 mots
- 1 média
Le domaine essentiel d'utilisation du ciment est constitué, nous l'avons dit, par le béton et ses applications et, dans une bien moindre mesure, par les mortiers. Nous considérerons donc ici seulement le béton. - Afficher les 9 références