RHEIMS BETTINA (1952- )

Durant l'hiver 2015-2016, la rétrospective consacrée à Bettina Rheims a occupé l'espace entier de la Maison européenne de la photographie. Avec à son actif quarante expositions personnelles et une bibliographie de vingt-cinq titres, la photographe faisait retour sur une œuvre résolument tournée vers l'apparence de ses contemporains.

Bettina Rheims est née le 18 décembre 1952, à Neuilly-sur-Seine. Fille de l'historien, commissaire-priseur et académicien Maurice Rheims, petite-fille du général Léon Rheims, apparentée à la famille Rothschild par sa mère Lili Krahmer, l'enfant grandit dans un milieu aisé et cultivé. Une scolarité inégale au lycée parisien Victor-Duruy puis à l’École alsacienne la conduit à s'essayer à plusieurs activités : mannequin, journaliste, actrice de cinéma, galeriste. La photographie, à laquelle l'avait initiée Walter Carone, reporter à Paris-Match, finira par décider d’une carrière qu’elle entame avec des portraits.

Le choix du féminin

En marge de cet exercice qui accompagnera toute sa carrière, et encouragée par Helmut Newton, Bettina Rheims entreprend de traiter en auteur des thèmes qui deviendront autant de séries, comme les Stripteaseuses, les Acrobates et Animal, portraits d'animaux empaillés, choisis dans la collection du taxidermiste Deyrolle, auxquels elle parvient à rendre une surprenante noblesse. Ces premiers travaux personnels lui vaudront un début de célébrité avec plusieurs publications de presse, notamment dans la revue Égoïste, et deux expositions personnelles à la galerie Texbraun et au Centre Georges-Pompidou en 1981.

Le style rigoureux du grand format utilisé avec Animals'étend au territoire de l'humain, avec l'affirmation d'une facture sensuelle vouée à la représentation de la beauté féminine qui donne lieu en 1989 à la publication d'un premier livre, Female Trouble. L'émergence du sida et les inquiétudes qui viennent entraver une libération sexuelle à peine conquise inspirent une série de portraits d'adolescents, Modern Lovers, dont l'exposition accompagnera en 1990 l'inauguration de la Maison européenne de la photographie.

La complicité intellectuelle entretenue avec l'écrivain Serge Bramly, père de son fils Virgile né en 1980, est à l'origine en 1990 de la série majeure Chambre close, suivie en 1992 de Les Espionnes, sur un texte de Bernard Lamarche-Vadel. Lauréate du grand prix de la Ville de Paris en 1994, Bettina Rheims reçoit en 1995 la commande du portrait officiel du président de la République Jacques Chirac.

En 1999, sous la forme d'une exposition et d'un livre également conçus avec Serge Bramly, INRIpropose une réinterprétation du Nouveau Testament. Composé de vastes tableaux photographiques qui font s’interférer l'imagerie religieuse et les codes contemporains de la mode, INRI suscite les protestations d'une opinion conservatrice et conforte la renommée internationale de Bettina Rheims, qui maintient son rythme de production avec trois séries consacrées à la représentation fantasmatique du corps de la femme : X’Mas, Morceaux choisis, et en 2003 Shanghai, réalisé à la suite d'une résidence de neuf mois dans la mégapole chinoise.

Le volume de commande de photographies de mode ou de publicité pour Lancôme ou Chanel contribue à diffuser la touche provocante d'un style apprécié par un public jeune. Bettina Rheims construit dans le même temps une impressionnante galerie de portraits de célébrités parmi lesquelles on compte de nombreuses personnalités de la jet-set, politiques, artistes ou princesses.

La collaboration avec la galerie Jérôme de Noirmont qui se poursuit de 2002 à 2011 est contemporaine d'une production particulièrement féconde, avec la série anthologique Pourquoi m’as-tu abandonnée ?, sélection de créations pour la publicité[...]