Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BEYROUTH

Liban : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Liban : carte administrative

Le nom de la ville en arabe, Bayrut, a probablement une origine hébraïque : be'erot, qui signifie « puits ». La ville est bâtie à l'abri d'un cap protégeant des vents du sud-ouest un emplacement propice au mouillage. Vers le sud et l'est, ce site se prolonge par une vaste zone de plaines et de collines peu élevées.

Placée sur la voie de passage des invasions, la ville est un enjeu pour les conquérants venus d'Égypte ou de l'Orient. Déjà mentionnée dans les plaquettes de Tell el-Amarna au xive siècle avant J.-C., Beyrouth se développe surtout à partir de l'époque séleucide. Nommée Berytus après la conquête romaine à l'époque d'Auguste, elle devient un centre commercial et culturel célèbre pour son école de droit au iiie siècle. Elle est détruite par le tremblement de terre suivi d'un raz-de-marée en 551 et reste dès lors un petit port. Conquise par les musulmans en 635, elle repasse en 975 aux mains des Byzantins, avant que les Fatimides n'en prennent le contrôle. Les croisés, maîtres des lieux en 1110, cèdent d'abord temporairement la place à Saladin après sa victoire à Hattin (1187), avant d'en être chassés définitivement en 1291 par les mamelouks. Dans les siècles suivants, les marchands génois et vénitiens en font l'une des échelles du commerce entre l'Orient et l'Occident.

La hiérarchie entre les villes levantines se transforme durant le xixe siècle en faveur de Beyrouth. Durant l'occupation égyptienne (1832-1840), un lazaret, le seul de toute la côte levantine, y est construit. Puis les Ottomans y transfèrent le siège de la wilayet auparavant sis à Saïda, tandis que les consulats européens s'y installent. La ville connaît une forte croissance démographique, notamment en raison de l'exode des chrétiens aux lendemains des massacres de la montagne et de Damas en 1860, et de son nouveau rôle économique, stimulé par les aménagements portuaires et la construction de routes. Beyrouth est le siège de la Renaissance arabe, et deux universités y sont fondées, respectivement par des missionnaires protestants américains et par les Jésuites (1866 et 1875).

Le mandat français établi en 1920 puis l'indépendance du Liban après 1945 confirment son statut de capitale et renforcent ses fonctions économiques et administratives. Aux réfugiés arméniens des années 1920 s'ajoutent les Palestiniens en 1948. Les capitaux des bourgeoisies syrienne et égyptienne touchées par les nationalisations sont investis dans l'immobilier et participent à l'essor du secteur bancaire. De nombreux intellectuels arabes en exil contribuent au rayonnement culturel de la ville. Mais l'exode rural en provenance des périphéries libanaises alimente le développement des banlieues et crée des déséquilibres sociaux qui se conjuguent aux tensions politiques entre pro-Palestiniens et « libanistes » pour déclencher la guerre civile en 1975. De 1975 à 1990, les différentes phases du conflit causent de nombreuses destructions, notamment dans le centre-ville, endommagent les infrastructures et entraînent de grandes recompositions de la structure résidentielle de la ville. Le clivage entre l'est chrétien et l'ouest à majorité musulmane est renforcé par le chassé-croisé des réfugiés de part et d'autre d'une ligne de démarcation courant le long de la route de Damas.

La population du Grand Beyrouth, évaluée à 1,1 million d'habitants en 1970, atteint 1,6 million en 1997, dont environ 500 000 en banlieue sud, très majoritairement chiites, et 450 000 dans le municipe (principalement sunnites avec une forte minorité chrétienne). Les banlieues est, majoritairement chrétiennes, s'étendent le long du littoral nord jusqu'à Jounieh et dans la montagne.

Après deux tentatives avortées en 1977 et 1983, le retour à la paix[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Liban : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Liban : carte administrative

Autres références

  • AUTOUR DE GABRIELE BASILICO (livres et exposition)

    • Écrit par
    • 1 068 mots

    Lorsque Gabriele Basilico, architecte de formation, réalise une série d'images sur la banlieue de Milan à la fin des années 1970 (Milano, ritratti di fabbriche, Sugarco, Milan, 1983), la photographie de paysage urbain est un genre étranger au champ de l'art en Europe. Seuls les Américains,...

  • ÉCOCHARD MICHEL (1905-1985)

    • Écrit par
    • 741 mots

    Architecte et urbaniste, Michel Écochard est né à Paris en 1905. Après des études à l'école des Beaux-Arts de Paris (1925-1931), il est détaché en 1932 au Service des antiquités de Syrie et du Liban, où il découvre la civilisation islamique. Les années 1930, à Damas, sont celles...

  • FRANCE - L'année politique 2020

    • Écrit par
    • 6 759 mots
    • 4 médias
    Après les explosions qui ont ravagé une partie de Beyrouth le 4 août, Emmanuel Macron se rend personnellement au Liban. Il plaide pour des réformes structurelles, économiques et politiques dans le pays et apporte son soutien à l’opposition. Comme elle, il considère le pouvoir libanais comme inefficace...
  • HAGOPIAN HAGOP (1945 env.-1988)

    • Écrit par
    • 1 065 mots

    Né Bédros Ovanessian, peut-être en 1945, à Bagdad dans la petite communauté arménienne d'Irak, Hagop Hagopian était marié à une Yougoslave et père d'une petite fille âgée de quelques mois lorsqu'il fut abattu dans la banlieue sud d'Athènes le 28 avril 1988. Dans les années 1960, une partie...

  • Afficher les 10 références