BÉZIERS
Baeterra (premier nom de Béziers) apparaît dès le viie siècle avant notre ère. C'est alors la plus importante ville des Elysices après Narbonne. La cité originelle est une acropole bâtie sur deux collines surplombant l'Orb. La ville commerce avec les Étrusques et les Grecs dès le vie siècle avant J.-C. Elle appartient à la grande aire d'influence ibérique, avant que ne viennent s'installer dans la région, au iiie siècle avant J.-C., la tribu gauloise des Volques puis, en 122-121, les Romains. En 36-35 avant J.-C. est fondée la colonie romaine de Baeterra pour les soldats de la septième légion d'Octave. Pendant plusieurs siècles, les habitants de la ville sont citoyens romains. Avec les invasions barbares du iiie siècle de notre ère, la superficie urbaine se réduit, tandis que le christianisme apparaît. Aux Wisigoths, présents ici de 460 environ à 719, succèdent les Arabes, de 719 à 759, date de l'invasion franque qui détruit les remparts de la ville. Désormais, dans le royaume de France, Béziers est le lieu de l'opposition entre le pouvoir du vicomte et celui de l'évêque avant que n'apparaisse, en 1131, un troisième pouvoir, celui du consulat, émanation des bourgeois de la ville. Le 22 juillet 1209, les croisés prennent Béziers, coupable d'avoir refusé de livrer les cathares, et le sac de la ville frappe la région d'épouvante. À la fin du xiiie siècle, le moine franciscain Matfre Ermengaud compose le Breviarid'amor, un des titres les plus célèbres de la littérature occitane. Béziers se range très tôt dans le camp des opposants aux pouvoirs centralisateurs : en 1418, la ville prend fait et cause pour les Bourguignons face au roi de France ; en 1562, elle rejoint le camp protestant et, en 1632, elle soutient la révolte d'Henri II de Montmorency, gouverneur du Languedoc. Aux xvie et xviie siècles, le pouvoir royal ne cesse de surveiller cette ville, réputée rétive mais aussi non dépourvue de richesses, et, de 1547 à 1669, l'évêché est confié à une succession ininterrompue d'évêques italiens de la parenté des Médicis. C'est un Biterrois, Pierre-Paul Riquet, qui, en 1666, reçoit par édit royal le droit de construire un canal entre Méditerranée et Océan (le canal du Midi). La ville marque également de son empreinte la vie culturelle de cette époque : Molière s'inspire du théâtre occitan biterrois, tandis que plusieurs Biterrois entrent à l'Académie française aux xviie et xviiie siècles.
La vigne, qui s'impose au xixe siècle en Bas-Languedoc, apporte à Béziers la prospérité : la ville devient un important marché du vin et le siège d'industries viti-vinicoles. Deuxième ville du département de l'Hérault après Montpellier, sa population passe de 14 566 habitants en 1821 à 52 910 en 1901 et à 73 305 en 1936. Mais l'esprit de contestation continue de souffler sur la cité : en décembre 1851, Béziers est le centre héraultais de la résistance au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte. Il en résultera, par réaction, plus d'un siècle de domination radicale. Jean Moulin, fils de Béziers et unificateur en 1943 de la Résistance française, sera l'héritier de cette tradition républicaine radicale comme le seront d'autres radicaux biterrois (Edgar Faure). La seconde moitié du xxe siècle est plus difficile pour Béziers, qui souffre du recul général de la viticulture et de la disparition de plusieurs de ses activités industrielles (notamment l'usine de réparations ferroviaires Fouga). Après une baisse de population, celle-ci augmente de nouveau depuis 2010 jusqu’à atteindre 74 495 habitants en 2012, grâce au développement du tertiaire, tandis que les communes environnantes connaissent une forte croissance. En janvier 2002 est créée la communauté d'agglomération Béziers-Méditerranée, qui rassemble treize[...]
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Écrit par
- Jean SAGNES : professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Perpignan
Classification
Médias