BHAGA
Le Veda dans ses parties les plus archaïques (dans certains hymnes du Rig-Veda qui remontent au début du ~ IIe millénaire) associe au dieu Mitra deux divinités secondaires : Aryaman et Bhaga. Le premier a la responsabilité de la communauté aryenne (en sanskrit, arya ; d'où vient son nom), le second celle du partage (bhaga signifie part). Dans l'un et l'autre cas, il s'agit de variantes spécialisées de la fonction de Mitra, qui préside à l'alliance universelle, au contrat cosmique par lesquels se maintient l'ordre des choses (ṛta ou dharma).
Bhaga sait ce qui échoit à chacun, selon ses mérites (c'est-à-dire selon sa fidélité à la norme divine), et veille à ce que la distribution des grâces se fasse équitablement. Mais il ne semble pas exercer d'action coercitive à l'encontre des non-méritants. En fait, on ne sait que peu de chose de Bhaga, parce que les formules védiques qui le concernent sont en nombre très réduit. Pourtant, deux témoignages existent de l'importance de la place qu'il occupe dans le panthéon le plus ancien : d'une part, le fait que son nom soit connu en Iran et chez les Slaves (où, de nos jours encore, dieu se dit bog) ; d'autre part, le fait que l'hindouisme, bien qu'il l'ait tout à fait oublié en tant que divinité, perpétue son souvenir à travers divers termes religieux. Ainsi la dévotion, que le brahmanisme conçoit comme un partage (le fidèle donne une part de son amour à la divinité, laquelle en retour donne un peu de son trésor de grâces), est-elle appelée bhakti (de la même racine que Bhaga) ; et l'objet de la dévotion, le Seigneur, s'appelle Bhagavant, « celui qui possède la meilleure part » (ou « le pouvoir de partager »).
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
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VEDA
- Écrit par Jean VARENNE
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