BHĀRATA
La tradition sanskrite se fonde sur un ensemble de Shâstras (śāstra, « traité normatif »), où sont énoncées les règles propres à chaque technique : médecine, astrologie, érotisme, etc.
Dans le domaine littéraire, le plus célèbre de ces Shâstras est celui qui concerne l'art dramatique ; attribué à un certain Bhârata et concernant notamment la danse (nâtya), on le nomme Bhâratîya-Nâtya-Shâstra (bhāratīyanātyaśāstra). Il s'agit d'un ensemble de trente-huit chapitres, rédigé en shlokas (strophes de quatre octosyllabes) et couvrant tous les secteurs de l'activité théâtrale : non seulement la danse, déjà mentionnée, mais également la musique, le chant, la mise en scène, la composition des œuvres, l'art poétique, etc. Il comporte même un chapitre sur la construction du théâtre (architecture, machinerie, etc.).
Bien des détails de ce traité font penser à une inspiration grecque et, plus particulièrement, à une connaissance directe de la Poétique d'Aristote et de la comédie hellénistique. La parenté est plausible, si l'on songe que l'influence grecque a été marquante dans le domaine de la statuaire (notamment avec l'art gréco-bouddhique du Gândhara). Néanmoins, l'essentiel du Shâstra de Bhârata est profondément indien et son influence sur les littératures, les musiques et les danses de diverses parties de l'Inde est restée vivante jusqu'à l'époque des Grands Moghols. Comme très souvent, il est impossible de déterminer à quel moment le traité a été composé : on pense, le plus généralement, aux tout premiers siècles de notre ère ; mais la matière première devait être notablement plus ancienne. Bhârata lui-même n'est qu'un nom, très probablement mythique, celui d'une école plutôt que d'un individu.
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Écrit par
- Roland BRETON : docteur ès lettres, maître assistant à l'université d'Aix-Marseille
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