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BHĀRHUT

Une sculpture archaïque

La sculpture de Bhārhut témoigne, avec certains morceaux d'apparence décorative, d'une longue suite d'efforts, qui n'ont point laissé de traces concrètes en raison de la fragilité des matériaux employés (bois, ivoire). Elle présente, avec ses reliefs narratifs, les caractères d'un art naïf, maladroit et spontané, improvisé, à la frontière de la figuration pictographique et de la description visuelle. Précieuse, elle contient en germe les tendances qui se manifesteront avec éclat dans les écoles ultérieures et renseigne sur les croyances et l'idéal religieux des donateurs laïques.

L'emplacement des compositions détermine leur format, voire leur sujet. Ainsi, de grands personnages isolés – divinités ou génies –, adossés aux montants, scandent la balustrade et gardent les accès de l'allée de circumambulation. Ce sont des figures puissantes, aux attitudes gauches ; mais une recherche de la grâce s'ébauche dans les figures des déités féminines (accentuation des caractères sexuels, hanchement caractéristique).

Les bas-reliefs narratifs s'inscrivent dans des médaillons ou des demi-médaillons, sur les montants, et dans des panneaux rectangulaires, superposés, sur les piliers des entrées. Ils retracent tantôt la vie du Bouddha tantôt ses « naissances antérieures » (jātaka). Dans le premier cas, ils se signalent par l'absence de toute figuration anthropomorphique du Maître (convention maintenue jusqu'au début de notre ère). Dans le second, on le montre sous les formes humaines ou animales qu'il revêtit avant son existence dernière.

Une même composition peut présenter simultanément plusieurs épisodes d'une légende, en fonction non de leur déroulement chronologique mais de leur localisation. Les plans se superposent verticalement, les personnages semblent flotter ; l'ordonnance est rudimentaire et paraît avoir été dictée par un souci constant de « remplir » les surfaces. La bonhomie, le sens du mouvement et du détail vrai leur confèrent cependant beaucoup de saveur. Des inscriptions donnent le titre des scènes figurées – de même qu'elles désignent les personnages mythiques isolés. Certaines durent être préalablement gravées afin de guider les artisans.

Leurs dons d'observation font de ces imagiers d'excellents animaliers – qu'ils illustrent des légendes ou incorporent au décor (dont la valeur symbolique est incontestée) la faune, naturaliste ou fantastique – fort habiles également à reproduire ou à réinventer les éléments végétaux (rosaces lotiformes ornant les montants et les traverses ; rhizome de lotus serpentant, le long de la main-courante, entre des scènes, des fruits et de lourds bijoux).

La personne du Bouddha n'apparaissant pas dans l'iconographie ancienne, on recourut à des symboles qui évoquaient sa présence (traces de pas, trône vide, cheval sans cavalier, parasol) ou aux quatre « grands miracles » de son existence historique (la fleur de lotus, l'« Arbre de l'Éveil », la « Roue de la Loi », le stūpa indiquaient respectivement sa naissance, son « Éveil » complet, sa première prédication et sa « Totale Extinction »). Enfin, le trident représentait le « Triple Joyau » : le Bouddha, sa Loi et la Communauté.

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

Classification

Média

Femme regardant d'un balcon, culture sunga, Inde - crédits : Nimatallah/ AKG-images

Femme regardant d'un balcon, culture sunga, Inde

Autres références

  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par , et
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    Les bas- reliefs narratifs de la période archaïque (iie-ier s. avant J.-C.) se voient sur des balustrades de stūpa : Bhārhut (musée de Calcutta), stūpa 2 de Sāñcī, Sārnāth, Pauni (site du nord-est du Mahārāṣṭra) et sur la balustrade qui entourait autrefois l'Arbre de l'Éveil à Bodhgayā....