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BHIL

Peuple des régions montagneuses du Rajāsthān, du Gujarāt, du Madhya Pradesh, que l'on retrouve également dans les forêts du nord et du sud de la rivière Narbada. Leur langue originelle dravidienne semble avoir complètement disparu ; les Bhil parlent quelque trente dialectes provenant d'une langue mère, elle-même issue d'un brassage de langues gujarāt et radjput. Selon la tradition, ils semblent avoir été une des classes dirigeantes du Rajputana, du centre de l'Inde et du Gujarāt ; les Bhil auraient été soumis par les tribus radjput qui, à la fin du ve siècle, entamèrent une expansion vers le sud. Dans beaucoup d'États rajput ou gujarāt, ce fait est reconnu par les clans dominants ; ainsi, lors de l'intronisation d'un chef rajput, une des parties du rite d'investiture consiste dans l'onction du front du chef avec le sang extrait du pied d'un Bhil. Le chef devient ainsi parent des anciens maîtres de leur territoire. Les Bhil des montagnes ont conservé un grand nombre de pratiques et de croyances traditionnelles. Ils logent dans des huttes en forme de ruche, construites en bambous et branchages au sommet des collines. Quand éclate une épidémie, le site est déclaré hanté par les esprits et immédiatement abandonné. Cependant, l'altitude protège les Bhil de la forêt des différentes maladies (malaria) dont souffrent les gens de la plaine. Ils vivent essentiellement de cueillette et de chasse.

Ils sont animistes et élèvent parfois un petit « autel » destiné à l'âme d'une pierre particulièrement vénérée (nagakal). Ils pratiquent très couramment la magie et les barva ou chamanes sont supposés posséder un don héréditaire de divination manifesté lors d'une transe extatique. En de nombreuses occasions, ils marchent sur des braises ardentes, pratique exercée surtout par les tribus non aryennes.

La société bhil est gouvernée, au niveau du village, par un chef héréditaire qui décide de l'organisation socio-religieuse du village et de la hiérarchie des dieux, dirige les cérémonies, allume le feu sacré. Il est le représentant officiel du gouvernement et organise éventuellement les coupes de forêts pour les jhums. L'exogamie est strictement observée, de sorte que toute infraction à cette loi est considérée comme incestueuse et appelle la vengeance divine. Il y a également une endogamie tribale obligatoire. Le mariage entre cousins croisés, le sororat et le lévirat sont autorisés. Les Bhil pratiquent principalement dans les montagnes une agriculture sur brûlis ; ils sont aussi coupeurs de bois et gardiens.

Les Bhil se sont révoltés à plusieurs reprises contre l'occupant britannique, notamment en 1809, en 1828 et en 1928. Ils ont participé à la révolte des cipayes en 1857. La divinité tutélaire villageoise des Bhil est Shravan Babadu ; bien qu'animistes, les Bhil suivent le calendrier religieux hindou avec fidélité. Selon Christoph von Fürer-Haimendorf (1909-1905), le seul critère d'unité de base des différentes tribus est le fait qu'ils se reconnaissent entre eux comme Bhil, faisant partie du même peuple, s'adaptant aux diverses cultures régionales. Ils ont pour la plupart perdu leur héritage commun tout en gardant conscience d'une origine commune. En 1994, il y avait environ un million de Bhil, 1 300 000 personnes parlaient le bhili, et plus de 5,6 millions de personnes parlaient des langues de la familles du bhili.

— Yvan BARBÉ

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