BHOUTAN
Nom officiel | Royaume du Bhoutan (BT) |
Chef de l'État | Le roi Jigme Khesar Wangchuk (depuis le 14 décembre 2006) |
Chef du gouvernement | Lyonpo Chogyal Dago Rigdzin (par intérim depuis le 1er novembre 2023) |
Capitale | Thimphou |
Langue officielle | Dzongkha |
Unité monétaire | Ngultrum (BTN) 4
|
Population (estim.) |
770 400 (2023) |
Superficie |
38 394 km²
|
Le Bhoutan contemporain
À l’instar de son proche voisin népalais, le Bhoutan est parvenu à maintenir une relative indépendance vis-à-vis de l’empire britannique. Le traité de Sinchula de novembre 1865, qui a mis fin à la guerre de Duar entre le Royaume-Uni et le Bhoutan, a jeté les premières bases du protectorat de l’Inde britannique sur son voisin. Un nouveau traité (traité de Punakha) ratifié en janvier 1910 entre la nouvelle dynastie Wangchuck (arrivée sur le trône en 1907) et Calcutta assure à Thimphou la non-ingérence de son puissant voisin dans les affaires intérieures du royaume. En revanche, le royaume bhoutanais accepte « d’être guidé » en matière de politique extérieure, et plus particulièrement dans ses rapports avec la Chine.
Une forte influence indienne
L’indépendance de l’Inde en 1947 ne change pas la donne et le rôle que s’était assigné l’empire britannique est repris par le nouveau gouvernement indien. Les négociations au sujet d’un nouveau texte encadrant les relations indo-bhoutanaises sont amorcées durant l’été de 1949 et aboutissent à la signature d’un traité le 8 août 1949. Celui-ci précise une nouvelle fois l’autonomie de Thimphou en matière de politique intérieure et confirme la tutelle de New Delhi sur les relations extérieures du Bhoutan. Mais l’enclavement du pays et sa grande dépendance économique vis-à-vis de l’extérieur ont pour conséquence d’accroître le périmètre d’action de l’Inde au-delà de la seule politique extérieure. Lorsque la Chine commence à manifester son intérêt pour le Tibet, le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru, qui ne souhaite pas voir l’influence de son puissant voisin s’accroître dans les pays qu’il estime faire partie de son pré-carré, rend une première (et unique) visite au roi (ou DrukGyalpo) Jigme Dorji Wangchuck (1952-1972), à l’automne de 1958, dans le but de le convaincre d’accepter l’aide économique de New Delhi. Entre autres projets, Nehru l’encourage à accueillir favorablement la construction d’une route reliant l’Inde au centre du Bhoutan, tant dans un but économique que stratégique (jusqu’alors, aucune route carrossable ne reliait le Bhoutan à l’extérieur). À mesure que la menace chinoise se précise, le gouvernement indien se fait plus pressant. En 1961, la formation de l’armée du Bhoutan est confiée à l’armée indienne, tandis que Nehru annonce que toute agression contre le royaume bouddhique serait considérée comme une agression contre l’Inde, déclaration qui n’entraîne aucune réaction de la part d’un gouvernement bhoutanais en phase avec son voisin. Ainsi, l’année précédente, Thimphou avait décidé de son propre chef d’un embargo contre le Tibet, qui ne fut pas sans conséquence pour l’économie du royaume, dont l’exportation de riz se faisait essentiellement en direction de Lhassa.
À la même période, le gouvernement bhoutanais entreprend ses premières politiques économiques. En 1961, il lance un premier plan quinquennal (1961-1966) centré essentiellement sur le développement des infrastructures du pays : la majorité du budget de 10,7 millions de dollars (66 %) est ainsi consacrée à la construction de routes. L’éducation fait également partie des priorités du pays qui poursuit dans cette direction au cours du deuxième plan quinquennal (1966-1971). De nombreuses écoles primaires et secondaires sont construites, tandis que des bourses sont offertes par le gouvernement aux élèves méritants afin qu’ils aillent étudier à l’étranger.
Jigme Dorji Wangchuck, « père du Bhoutan moderne », adapte aussi le royaume au nouveau contexte postcolonial sur le plan politique et sociétal. Il s’engage vers l’ouverture démocratique en créant l’Assemblée nationale en 1953, en rédigeant le cadre juridique du royaume (thrimshungchenmo) qui est ratifié par l’Assemblée nationale en 1957 ou en[...]
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Écrit par
- Benoît CAILMAIL : conservateur des bibliothèques à la Bibliothèque nationale de France
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Alain LAMBALLE : lieutenant-colonel d'infanterie, docteur de troisième cycle en sociologie politique
- Chantal MASSONAUD : chargée de mission au musée Guimet
Classification
Médias
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