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BIBLE L'étude de la Bible

L'ampleur de la démarche scientifique

C'est ainsi que l'Église catholique a contribué amplement à la promotion des études bibliques, tant dans le cadre de ses propres instances et juridictions qu'ailleurs dans l'orbe proprement culturel. L'enseignement supérieur des pays germaniques et anglo-saxons, en partie sous contrôle protestant, honorait de longue date les textes bibliques, de l'Ancien comme du Nouveau Testament, à l'instar des autres grands témoins littéraires de l'Antiquité, grecque ou latine. Dans les pays latins, et particulièrement en France, il en allait autrement, l'étude de la Bible étant essentiellement réservée aux programmes confessionnels. Or l'introduction et l'homologation de la tâche scientifique dans l'étude confessionnelle de la Bible ont eu pour effet de contribuer, pour leur part, au rayonnement, universitaire cette fois, de celle-ci. Cela a fait école. C'est ici qu'il faut mentionner, parmi d'autres chantiers significatifs, l'entreprise de traduction de la Bible grecque des Septante à l'initiative et sous la direction de l'éminente helléniste et spécialiste de la littérature chrétienne ancienne qu'est Marguerite Harl, professeur à la Sorbonne (cette traduction, qui couvre à ce jour l'ensemble du Pentateuque, paraît aux éditions du Cerf, depuis 1986, sous le titre : La Bible d'Alexandrie).

Par ailleurs, les biblistes catholiques, ecclésiastiques pour la grande majorité, se sont volontiers distingués comme des maîtres incontestés de savoirs scientifiques non directement bibliques, particulièrement dans le champ des disciplines non littéraires, l' archéologie au premier chef. Le rôle de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, fondée (en 1890) et toujours dirigée par les Dominicains, est ici à signaler avant toute autre chose : des générations d'archéologues venus du monde entier, pas forcément chrétiens, y ont été formées (sous la direction de J. L. Vesco, L'Ancien Testament. Cent ans d'exégèse à l'École biblique, Paris, 1990 ; J. Murphy-O'Connor, Le Nouveau Testament. Cent ans d'exégèse à l'École biblique, Paris, 1990 ; voir aussi : B. Dupuy, « Centenaire de l'École biblique de Jérusalem (1890-1990) », in Universalia 1991). D'autres ordres religieux, tels les Franciscains et les Jésuites, ont eux-mêmes en Palestine, voire ailleurs dans le Proche-Orient, des maisons de recherche et d'étude où vivent et travaillent archéologues et philologues. Il faut saluer également le travail extrêmement qualifié que d'aucuns, clercs pour la plupart, ont mené dans le domaine des langues anciennes dites bibliques comme l'hébreu et l'araméen. L'École des langues orientales anciennes de l'Institut catholique de Paris doit être mentionnée en priorité. En Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis surtout, mais aussi dans les pays scandinaves et en Italie, bien des universités, soit institutionnellement soit par l'œuvre de telle ou telle personnalité, entretiennent des recherches semblables. Les missions archéologiques anglo-saxonnes en Israël, par exemple en Galilée, ont été des plus dynamiques ces dix dernières années (on trouvera un état intéressant de la question dans : E. M. Meyers. « Galilean Regionalism : A Reappraisal », in W. S. Green dir., Approaches to Ancient Judaism, t. V, Atlanta, 1985).

Il convient d'ajouter que, depuis plusieurs décennies déjà, les archéologues et les philologues israéliens sont eux-mêmes des plus actifs, tant par leurs interventions sur le terrain que par leurs publications scientifiques. Pour partie, la connaissance du site de Qumrān et des Manuscrits de la mer Morte et, pour totalité, celle du fameux rocher de Massada sont dues à des juifs d'[...]

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