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BIBLE L'inspiration biblique

Le magistère ecclésiastique : élaboration dogmatique de la doctrine de l'inspiration

Collection de décisions énoncées par divers conciles, de Provence principalement, compilées durant la seconde moitié du ve siècle, les Statuta Ecclesiae antiqua prononcent la doctrine de l'origine et dès lors de la nature divine des écrits sacrés. On se référa textuellement à ce document normatif jusqu'à la fin du Moyen Âge. Les termes en ont été repris, sensiblement explicités, en 1442, dans le décret pour les jacobites du concile de Florence, suivis de la liste des livres des deux Testaments et d'une condamnation des manichéens.

Le concile de Trente élabora et promulgua un très important document, le décret sur la réception des livres sacrés et des traditions, en 1546, l'année de la mort de Luther. On y traite de l'origine et de la nature, du statut et de la fonction des Écritures saintes, en tant que telles et dans l'Église. Le but premier était certes de définir solidement la foi catholique face aux ruptures de la Réforme. Il fallait aussi riposter aux questions graves que posaient déjà à la cohérence du catholicisme romain les travaux philologiques que juifs et chrétiens menaient, depuis un siècle environ, sur les langues bibliques, l'hébreu en particulier. Il y avait, de plus, les doutes que certains humanistes chrétiens contemporains émettaient quant au caractère de totalité dont la doctrine ecclésiastique revêtait l'inspiration. Le décret donne aussi la liste des livres constituant le canon des Écritures, laquelle ne sera jamais plus revue ni rectifiée dans le catholicisme romain.

Pour la première fois dans l'histoire des définitions dogmatiques, le concile de Trente affirmait nettement que « toute vérité salutaire et toute règle morale » sont contenues et « dans les livres écrits et dans les traditions non écrites », le verbe « dicter » et l'action de l'Esprit-Saint s'appliquant à celles-ci tout comme à ceux-là. Le mot inspiration n'est pas énoncé, mais le fait en est solidement fondé.

La définition formelle, précise et solennelle, de l'inspiration des Écritures ne fut donnée dans l'Église catholique qu'avec la constitution dogmatique Dei Filius du concile Vatican I, en 1870. L'inspiration des écritures par l'Esprit-Saint est ici nettement définie, Dieu étant présenté comme l'auteur des textes sacrés. Nouvelles par rapport au concile de Trente dont elles homologuèrent cependant l'essentiel des termes, les déclarations de Vatican II s'expliquent par la nécessité pour l'Église de se situer face aux idées dites des Lumières, avec surtout les apports de la philologie et de l'histoire au service de la critique dans le champ des études bibliques. La foi chrétienne n'était plus l'élément moteur de la société ni, au sein de celle-ci, de la culture. Un siècle d'histoire et d'expériences avait fait la démonstration de l'irréversibilité de la situation. Dans un tel contexte, tout ce qui était sacré, et la Bible au premier chef, devait se situer, se définir et se déterminer dans un espace et selon un rapport de partenariat fécond avec ce qui ne l'était pas. On ne pouvait donc éviter non seulement de rappeler mais aussi de rigoureusement formuler la doctrine séculaire relative au caractère exhaustivement divin des Écritures, ce qui entraînait obligatoirement l'accentuation, sur le mode dogmatique le plus fort, de la croyance unanime des chrétiens à l'inspiration des textes sacrés.

Le pape Léon XIII traita solennellement du problème scripturaire global dans sa grande encyclique sur la Bible et les études bibliques, Providentissimus (18 novembre 1893). Ce document manifestait une ouverture résolue à la recherche contemporaine. Il fallait situer la valeur de message biblique[...]

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<it>Saint Augustin</it>, Botticelli - crédits : Rabatti - Domingie/ AKG-images

Saint Augustin, Botticelli

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