BIBLE Les livres de la Bible
La constitution et l'organisation de la Bible
Parmi les littératures du Proche-Orient, tant ancien qu'hellénistique, la Bible occupe une place particulière. Livre religieux, elle est entourée depuis des siècles de la vénération des fidèles des deux grandes religions juive et chrétienne qui fondent sur elle leurs liturgies, leurs spiritualités, leurs théologies. Mais elle reste un livre écrit par des hommes situés dans l'épaisseur de l'histoire. Ce livre est l'expression d'expériences humaines et religieuses vécues dans le temps et dépendant les unes des autres. On doit même dire que l'Ancien Testament est le reflet de l'histoire d'un peuple lentement constitué parmi d'autres peuples, comme le Nouveau est celui de la naissance d'une religion qui, se voulant universelle, cherche dès le début à se répandre dans toutes les contrées connues à cette époque. La Bible ne saurait donc être comprise que replacée dans son contexte historique. Elle n'est, en effet, qu'un recueil de documents complexes et variés, un recueil formé de plusieurs groupes de livres distincts.
La rapide esquisse qui va suivre de l'histoire littéraire de l'Ancien et du Nouveau Testament ne saurait être qu'un état de la question selon les résultats les plus probables de la critique tant littéraire qu'historique. Il est impossible de rendre compte ici de tous les détails des diverses positions, et encore moins des étapes successives qui ont permis une telle analyse. Le déroulement de l'histoire du peuple hébreu sera supposé connu.
Traditions orales
Outre des traditions sur l'origine du monde qui participent du genre des cosmogonies antiques, expressions imagées et à allure historique d'une conception philosophico-religieuse de l'univers, la Bible, dès le douzième chapitre de la Genèse, rapporte des événements contemporains de civilisations du Proche-Orient, parvenues quant à elles depuis longtemps déjà au stade de l'écriture. Les patriarches décrits par la Genèse sont des semi-nomades ; tel est le milieu de naissance de la tradition orale, origine de la littérature hébraïque. Il ne faut donc pas faire remonter trop haut dans le temps la fixation du texte, malgré les allusions du livre de l'Exode (xvii, 14 ; xxxiv, 28). On n'entre pleinement dans la civilisation écrite qu'après l'établissement de la monarchie à Jérusalem. Cependant, il faut se garder de séparer trop nettement les deux stades. Certains morceaux sont, en effet, fixés très tôt par écrit : les premiers furent recueillis, semble-t-il, vers le xie siècle avant J.-C., ce qui suppose un usage déjà ancien de l'écriture. D'autre part, la tradition orale continuera à se développer parallèlement aux œuvres écrites, même après l'époque hellénistique.
À l'époque monarchique, lorsque l'unité politique est réalisée, on rassemble les traditions du peuple hébreu. Elles sont d'origines fort diverses : récits « étiologiques » de clans, de groupes de tribus ; traditions attachées à des lieux divers, champs de bataille, campements saisonniers et surtout sanctuaires. On se tromperait en prêtant à ces traditions une visée purement historique. Assurément, certaines conservent le souvenir des grands hommes : les patriarches, Moïse et jusqu'à Saül ; mais plus fréquemment l'histoire s'est schématisée pour faire ressortir les éléments les plus importants, le plus souvent d'ordre religieux. Les intentions peuvent être autres : expliquer le pourquoi et le comment de certaines coutumes, de noms de lieux, et aussi les regroupements de clans par recours au procédé des éponymes. Elles donnent aussi des règles de conduite soit en véhiculant le matériel juridique et rituel, soit en insinuant des leçons morales et religieuses à propos de l'histoire d'un héros d'autrefois. Finalement,[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre SANDOZ : ancien professeur aux Facultés dominicaines du Saulchoir, élève titulaire de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem
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