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BIBLIOPHILIE

Bibliophilie et érudition

Au xviie siècle, la tendance sera plutôt de former des collections qui se recommandent certes par la qualité des reliures, mais d'abord par leur ampleur et leur sérieux : ainsi celles des souverains français, de leurs ministres (Mazarin, Colbert, Louvois) ou de gens en place, dont certains, comme Peiresc, J. A. de Thou ou les frères Dupuy, sont des érudits. Il en est de même dans toute l'Europe, en Allemagne avec le duc Auguste de Brunswick-Lunebourg, fondateur de la bibliothèque de Wolfenbüttel, comme en Angleterre, où la passion de s'entourer de livres est servie à partir de 1680 par l'habitude des ventes aux enchères, venue des Pays-Bas. Il faut encore citer en Allemagne Frédéric II de Prusse ou le comte Heinrich von Brühl, en Angleterre Édouard Harley, comte d'Oxford, en France le duc de La Vallière, le marquis de Paulmy, le comte d'Hoym ou des financiers comme Gaignat, en Suède enfin le comte Charles-Gustave Tessin. À l'étranger, dans toutes les collections domine l'influence du goût français et du livre illustré, signe révélateur, au temps où la marquise de Pompadour, la comtesse du Barry et tant d'autres femmes font figure de bibliophiles.

Pourtant, la bibliophilie, servie par des libraires érudits comme les frères De Bure en France, par des bibliothécaires comme Dibdin à Londres ou Van Praet à Paris, devient de plus en plus une science. Telle la veulent d'abord des Anglais, sir Thomas Philipps ou Richard Hebert, puis des Français, tels Charles Nodier (1780-1844), bibliothécaire de l'Arsenal, l'auteur dramatique Pixérécourt (1773-1844) ou le libraire Brunet, tels plus tard encore, le duc d'Aumale (coll. à Chantilly), les frères Duthuit (coll. à Paris, Petit Palais), le baron James de Rothschild (coll. à Paris, Bibliothèque de France).

Dans la première moitié du xixe siècle, la bibliophilie demeure ainsi rétrospective, servie dans son action, en Angleterre par le Roxburghe Club (1812), en France par la Société des bibliophiles français (1820), l'une et l'autre se proposant de publier des études érudites ou de rééditer des œuvres rarissimes. Ces sociétés iront se multipliant. En Allemagne, en Espagne, en Suisse, aux États-Unis, elles restent le plus souvent des sociétés savantes. En France, où elles sont particulièrement nombreuses, elles jouent le rôle d'éditeurs d'art, produisant pour leurs membres des livres illustrés de gravures originales et tirés à petit nombre. Le bibliophile en recherche les « exemplaires de tête » (les premiers exemplaires tirés), y adjoint des suites de gravures ou des dessins originaux, les truffe de lettres autographes, etc. Quantité de bibliophiles continuent du reste à collectionner les livres rares, anciens ou modernes, assez souvent selon une ligne de conduite bien déterminée : incunables ou ouvrages du xvie siècle, éditions originales des grands classiques, livres illustrés, livres de science, d'occultisme ou de gastronomie.

Les listes essentielles de ces ouvrages se trouvent dans La Bibliothèque de l'amateur de E. Rahir (2e éd., Paris, 1924) et on peut étudier les livres eux-mêmes grâce à de nombreux instruments de travail spécialisés, indiqués notamment par M. Vaucaire, La Bibliophilie (Paris, 1970). Les amateurs disposent aussi pour leur information de différents annuaires indiquant les prix de vente et de revues comme le Bulletin du bibliophile, fondé en 1834 et devenu l'organe de l'Association internationale de bibliophilie (Paris), ou comme The Book Collector (Londres).

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française de Rome, conservateur en chef de la bibliothèque de l'Arsenal

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