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NAG HAMMADI BIBLIOTHÈQUE DE

On désigne sous le nom de bibliothèque de Nag Hammadi un lot de papyrus découverts fortuitement par des paysans égyptiens durant l'hiver 1945-1946. Ces papyrus étaient enfermés dans une jarre, au pied de la falaise du Gebel el-Tarif, assez près de l'ancien monastère fondé par Pacôme (Pboou ou Phboou, aujourd'hui Faou Guibli), sur le territoire du village de Qsar El-Sayyad (l'antique Khenoboskion) dépendant de Nag Hammadi, soit à 560 kilomètres au sud du Caire et à 60 kilomètres au nord-ouest de Louxor.

Ce lot se compose de treize codices reliés, écrits dans le dialecte copte de Haute-Égypte (le sahidique, parfois nuancé d'akhmimismes). L'ensemble, qui est maintenant déposé au Musée copte du Caire, est remarquablement conservé, si l'on songe que, sur les mille pages environ qui nous sont parvenues, près de huit cents sont intactes. Le terme de « bibliothèque » paraît le plus approprié pour désigner ce lot de papyrus, puisqu'il s'agit d'une collection d'ouvrages destinés vraisemblablement à l'usage d'une communauté et recopiés d'après des exemplaires de livres circulant de groupe en groupe, comme cela se pratiquait dans l'Antiquité. Un copiste a d'ailleurs laissé cette petite note, entre deux textes, dans le Codex VI : « C'est le premier traité que j'ai écrit [ou : copié], il y en a beaucoup qui me sont parvenus, mais je ne les ai pas copiés, pensant qu'ils vous sont déjà parvenus. » Certains des quarante-cinq ouvrages contenus dans les treize codices y figurent en deux, voire trois versions, plus ou moins longues, selon les copistes.

Si les textes originaux ont été composés en grec, pour la plupart d'entre eux, dans la seconde moitié du iie siècle, ceux qui nous sont parvenus ont été copiés vers le milieu du ive siècle. On peut, en effet, les dater paléographiquement de cette époque ; mais une précision exceptionnelle est fournie par le « cartonnage » de la reliure du Codex VII, où figurent des documents administratifs datés de 333 à 348.

Il est tentant de rapprocher la communauté « gnostique » propriétaire de ces livres des communautés chrétiennes voisines de Pboou et de Cheneset où Pacôme attirait les foules. D'autant plus que l'on a retrouvé, toujours dans cette même reliure du Codex VII, un fragment de lettre adressée à un Apa Pacôme qui a de fortes chances d'être le Pacôme de Pboou. Citons aussi, dans la reliure du Codex I, un document qui mentionne Chenobos[keia] et Dios[polis parva], le premier lieu étant l'autre nom du troisième monastère fondé par Pacôme. Il faut aussi renoncer à savoir pourquoi ces codices ont été « cachés ». On peut toutefois supposer que, vers le ve siècle, époque où le monachisme pacômien étendait son influence sur toute la Thébaïde, il devenait dangereux de montrer au grand jour des écrits fort éloignés de l'orthodoxie.

Le catalogue qui suit montre la grande diversité des textes : ouvrages gnostiques (valentiniens ou non), livres hermétiques, recueils de sentences morales, apocryphes néotestamentaires, paroles de Jésus, sans oublier un passage de La République de Platon réinterprété.

Codex I (ou Codex Jung) : 1oPrière de l'apôtre Paul ; 2oLe Livre secret de Jacques ; 3oL'Évangile de vérité ; 4oLe Traité sur la résurrection ou épître à Rheginos ; 5oLe Traité tripartite, véritable somme de théologie gnostique.

Codex II : 1oLe Livre secret de Jean ; 2o L'Évangile selon Thomas ; 3oL'Évangile selon Philippe ; 4oL'Hypostase des archontes, traité qui présente une interprétation particulière de la Genèse (i-vi) ; 5o écrit important qui a pu être identifié comme la Symphonia de l'hérésie 40 du Panarion d'Épiphane ; 6oL'Exégèse de l'âme, qui traite des thèmes traditionnels de l'âme[...]

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