BIBLIOTHÈQUES
Les problèmes actuels
L'élévation du niveau de vie dans les pays développés, l'éveil du Tiers Monde, la progression d'ensemble du niveau de l'instruction, l'énorme augmentation de la production imprimée génératrice d'une véritable explosion documentaire, l'apparition de nouveaux moyens de communication et l'essor de la documentation automatisée ont conféré une nouvelle importance aux bibliothèques dans le monde contemporain – qu'il s'agisse des bibliothèques d'étude qui tendent de plus en plus à se spécialiser, des bibliothèques de lecture publique devenues médiathèques ou des grandes bibliothèques de conservation dont les missions se trouvent renouvelées. Enfin, l'entrée en scène de systèmes de bases et banques de données a favorisé l'organisation de réseaux regroupant divers établissements dans une perspective de complémentarité, non seulement sur le plan de chaque spécialité, mais aussi sur le plan national et même international.
Pour répondre à tant de nouvelles demandes, la France se trouva d'abord dotée au lendemain de la guerre d'une autorité centralisatrice, la Direction des bibliothèques et de la lecture publique dépendant du ministère de l'Éducation nationale (et en certaines périodes du ministère des Universités). Cette Direction, pourvue de services techniques compétents, profita du climat d'expansion pour développer des plans d'équipement et commencer à rattraper les retards. Elle entreprit aussi de créer un système informatique centralisé. Mais elle fut l'objet de vives critiques, notamment de la part des milieux de l'édition, tandis que le ministère de la Culture réclamait le rattachement des bibliothèques de lecture publique – d'où sa partition (2 juill. 1975). Les bibliothèques de lecture publique (bibliothèques municipales et bibliothèques centrales de prêt) puis la Bibliothèque nationale furent dès lors rattachées à la Direction du livre au sein du ministère de la Culture, tandis que les bibliothèques universitaires et celles des grands établissements restaient gérées par l'Éducation nationale. Enfin, la politique de décentralisation marqua à partir de 1985 une nouvelle époque dans l'histoire des bibliothèques françaises.
Les bibliothèques d'étude et de recherche
L'évolution des sociétés modernes imposa en premier lieu un effort constant d'adaptation des bibliothèques d'étude et de recherche. À la fin du xixe siècle, l'Allemagne et l'Angleterre avaient donné le ton en développant de grandes bibliothèques universitaires enracinées dans le passé et la tradition grâce à la présence de fonds anciens de très ancienne origine et dotées de crédits d'acquisition importants. Mais, là comme ailleurs, l'Amérique donna vite le ton grâce à une organisation plus souple et au recours à des fonds privés qui lui permirent de mieux répondre aux nouvelles demandes.
En France, l'afflux des étudiants imposa au lendemain de la guerre la refonte de tout le système d' enseignement supérieur et la multiplication des universités – d'où la mise en chantier de nouveaux bâtiments, souvent très importants, qui furent mis en service entre 1955 et 1970, et l'adoption du principe du libre accès (instructions de 1962-1963). Mais les crédits tendirent à diminuer par la suite, et les établissements n'obtinrent pas, jusqu'à une date très récente, de crédits d'acquisition et de fonctionnement suffisants, tandis que les bibliothèques d'instituts, de départements et de laboratoires, surgies empiriquement, anarchiquement gérées, mais plus proches des usagers, se multipliaient. D'où un climat de crise dans les années 1975-1985, durant lesquelles on s'efforça avant tout de préparer l'avenir en munissant ces bibliothèques de systèmes documentaires performants.[...]
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Écrit par
- Henri-Jean MARTIN : professeur émérite à l'École nationale des chartes, directeur d'études à la IVe section de l'École pratique des hautes études
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