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BIENNALE DE VENISE

Fondée en 1895, la biennale de Venise est la plus ancienne institution artistique de caractère international. À l'origine, elle est l'expression de la participation de la cité des Doges à la commémoration du jubilé du mariage de Umberto Ier et de Marguerite de Savoie. Dans un souci populaire et culturel, Venise décida alors de créer « une exposition artistique nationale et biennale » qui se tiendrait dans le jardin public, mais il s'avéra finalement comme une nécessité que la manifestation fût portée au niveau international et réunît tout ce que l'Italie possédait comme artistes reconnus à l'étranger. L'institution d'une telle opération est à inscrire dans le contexte plus général de l'éclosion en Europe d'événements similaires dans la seconde moitié du xixe siècle, tels que la fondation du Salon des Indépendants en France en 1884, la création des XX à Bruxelles la même année, celle de la Sécession à Munich en 1892, ainsi que toutes les expositions universelles qui ont participé à la circulation des idées. Une organisation tout à fait exemplaire fut mise au point dès la première exposition. Un secrétaire général, un comité de patronage et un jury prirent en charge la gestion de l'opération, et les règles qui furent alors arrêtées pour gouverner la biennale apparurent comme un modèle de logistique destiné à la mise en œuvre de grandes expositions. Un système de pavillons nationaux fut très tôt établi, dont la programmation fut confiée à des commissaires propres à chaque pays. Tout d'abord choisis dans les rangs mêmes des artistes, c'est parmi les responsables des institutions qu'ils sont aujourd'hui volontiers désignés. L'originalité de la biennale de Venise — qu'elle a tenu à préserver jusqu'à ce jour —, c'est l'attribution de prix dispensés en espèces sonnantes et trébuchantes, qui viennent récompenser les prestations jugées les meilleures par le jury. Une disposition qui n'a connu que de très rares exceptions, un débat s'étant instauré particulièrement à ce sujet au lendemain de la biennale de 1968, en plein courant réformateur. Si de très nombreux artistes primés sont restés dans l'ombre, quelques-uns ont heureusement vu leur talent ratifié par l'histoire, surtout depuis les années 1950 : Georges Braque en 1948, Matisse en 1950, Marino Marini en 1954, Giacometti en 1962, Rauschenberg en 1964, Daniel Buren en 1986, Jasper Johns en 1990, Antoni Tàpies en 1993, Ronald B. Kitaj, Gary Hill en 1995, Louise Bourgeois en 1999, Richard Serra en 2001, Annette Messager en 2005. L'absence de grands noms dans la première moitié du siècle est la conséquence d'un parti pris en faveur des artistes italiens qui va à l'encontre de la volonté déclarée de faire une manifestation ouverte sur l'extérieur. De 1895 à 1914, les onze premières biennales furent dévolues pour l'essentiel à la célébration de l'art européen, et elles servirent bien plus à l'éducation des artistes italiens eux-mêmes qu'à celle du grand public. La biennale se présentait comme une sorte de grand salon international où l'on pouvait découvrir surtout les grands mouvements de l'histoire récente ; des expositions personnelles y étaient consacrées à certains artistes de renommée mondiale, comme Rodin en 1901 ou Gustav Klimt en 1910.

Dans l'entre-deux-guerres, le régime fasciste transforma la biennale en une succursale du ministère de la Culture populaire ; son statut, fixé par une loi de décembre 1928, signée par Victor-Emmanuel III et Mussolini, institua l'exposition en une agence autonome, au fonctionnement plus efficace que par le passé. À cette époque, alors que l'éventail international de la biennale se resserra quelque peu du fait du regain du nationalisme italien, Giuseppe Volpi di Misurata,[...]

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