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WILLIAMS BIG JOE (1899 ou 1903-1982)

Durant sa très longue carrière – plus de soixante ans ! –, le légendaire Big Joe Williams aura été un des principaux acteurs, en même temps que le témoin, de tous les bouleversements de l'histoire du blues et du rock. Un des grands créateurs du Delta blues, Big Joe a aussi été une importante figure du blues de Saint Louis d'avant guerre puis a participé à l'élaboration du Chicago blues orchestral et électrique en compagnie de son ami John Lee « Sonny Boy » Williamson avant de jouer un rôle clé dans le folk boom des années 1960 : on lui doit notamment la découverte de Bob Dylan ! Figure familière de tous les grands festivals du monde, son œuvre enregistrée est considérable, autant en qualité qu'en durée puisqu'elle s'étend de 1930 à 1982.

Joseph Lee Williams naît à Crawford (Mississippi), dans le Delta, probablement le 16 octobre 1903 (mais la date de 1899 est également avancée). Enfant très doué pour la musique, Joe fuit les mauvais traitements que lui inflige son beau-père en suivant le spectacle itinérant des Rabbit Foot Minstrels. Il mène ensuite sans répit la vie d'un trimardeur, chantant et jouant de la guitare à neuf cordes (son invention brevetée), qui ajoute un élan remarquable à son swing naturel et qui fascinera ses auditeurs durant des décennies. On le trouve partout à travers les États-Unis, de l'Alabama à Saint Louis, de la Californie à New York, du Texas à Chicago, sans compter plusieurs séjours dans les pénitenciers les plus célèbres du Sud.

En février 1935, Big Joe Williams se fixe plus ou moins à Chicago et y enregistre les premiers titres d'une œuvre ininterrompue jusqu'à sa mort, dont la première version de son titre signature, Baby Please Don't Go, qui s'imposera comme un des grands classiques du blues. Big Joe sait faire évoluer sa musique ; plusieurs de ses séances en compagnie de John Lee « Sonny Boy » Williamson au début des années 1940 préfigurent ainsi le Chicago blues orchestral d'un Muddy Waters. Mais, à la mort de Sonny Boy en 1948, Big Joe quitte Chicago pour reprendre sa vie itinérante et sa carrière de bluesman soliste. Désormais, il propose ses services à toutes les compagnies de disques indépendantes qui tentent leur chance dans le domaine du blues : rares seront les labels de blues pour qui il n'enregistrera pas.

Cependant, à mesure que les années 1950 s'avancent, le blues rude et sans apprêts de Big Joe Williams passe de plus en plus de mode auprès des Noirs et les temps deviennent très durs pour lui. Mais Big Joe flaire avant tout le monde les prémices du courant folk qui bourgeonne à New York. Il enregistre dès 1957 un microsillon pour le public blanc nordiste, attire à lui tous les jeunes musiciens nordistes qui rêvent d'apprendre le blues (Paul Butterfield, Michael Bloomfield, Bob Dylan bien sûr et même les Rolling Stones) et participe à d'innombrables festivals à travers le monde. Big Joe est véritablement une vedette. Il fascine ce nouvel auditoire inattendu, autant par sa musique que par sa personnalité. Trapu, costaud, tranquille, méfiant, modeste, fier, indomptable, têtu, il apparaît sur scène dans un invraisemblable accoutrement de cow-boy, s'éponge longuement le front avec un gigantesque mouchoir à carreaux avant de se mettre à frapper sa guitare à neuf cordes rafistolée à grand renfort de sparadrap et obtient un triomphe constant.

À la fin de sa vie, gravement handicapé par un diabète invalidant, Big Joe – qui a réussi à récupérer ses droits d'auteur sur ses compositions comme Baby Please Don't Go grâce aux avocats de Bob Dylan – finit par acheter une maison mobile sur un petit lopin de terre de Crawford. C'est là qu'il vit ses dernières années, savourant la renommée internationale qui a fait de l'aîné d'une famille de métayers misérables un citoyen spécial de son[...]

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  • Good morning, little schoolgirl, WILLIAMSON (Sonny Boy)

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    Au début de sa carrière, John Lee Williamson, né le 30 mars 1914 à Jackson, dans le Tennessee, se produit dans son État natal à l'occasion de spectacles ambulants – les medicine shows –, où il joue de l'harmonica; il est surnommé «Sonny Boy» en raison de son jeune âge. Il éprouve une grande admiration...